Qui est le chat ? Qui est la souris ?

Le retour du personnage de Jason Bourne, sous la houlette de Paul Greengrass qui plus est, ça annonçait que du bon, surtout après le plantage complet que fût "L'Héritage". Il faut dire que Greengrass est un très bon réalisateur d'action, il suffit de voir Bourne 2 et 3 qui sont des bijoux de mise en scène, mais un aussi un cinéaste politique, à l'image de son très bon "Green Zone" ou du récent "Captain Phillips". Dans ce nouveau volet, le cinéaste décide de créer un hybride entre ces deux facettes : pari réussi ? C'est compliqué. Pour commencer il faut parler du plus important : la mise en scène de Greengrass. Elle est toujours unique, et utilise son procédé de la meilleure manière qui soit, c'est à dire en délaissant toutes les fioritures du film d'action blockbuster. J'entends par là que, à l'inverse d'une Kathryn Bigelow qui met en scène "Zero Dark Thirty" ou "Démineurs", il ne cherche pas à rendre son aspect documentaire plus percutant par l'utilisation d'effets visuels hors de propos, à l'image des ralentis de ZDT. La mise en scène du film est nerveuse dès lors que l'on adopte le point de vue de Bourne, car ce dernier est toujours en alerte et donc le film ce met au service de ce sentiment. On est au plus près des personnages, et la manière dont ils sont filmés fait qu'il se passe quelques chose quand la caméra se pose sur Damon ou Cassel, un peu comme chez Mann, et ce que l'on voit rend donc très vrai. Malheureusement Greengrass tombe dans l'utilisation abusive de la shacky-cam pendant de nombreuses scènes de combats, et c'est tout bonnement illisible, on perd cet aspect percutant des Bourne 2 et 3, là l'action du film donne l'impression d'être un clone de Taken, en mieux parce que c'est Greengrass tout de même, mais c'est vraiment risible malgré une scène de course poursuite de fin extrêmement prenante. Ensuite il y a l'écriture du film, et là, comme la mise en scène, il y a du bon et du moins bon. Pour évacuer le moins bon, le film se perd dans beaucoup trop de sous intrigues tout sauf pertinentes (l'histoire du père de Bourne, les jeux de pouvoirs au sein du CIA, le ministre etc etc) au service de personnages peu développés, ce qui nui raiment au métrage et à son rythme. Surtout que à côté de cela, il y a tout un questionnement sur l'utilisation des données personnelles par l'état par le biais d'un simili Facebook, ainsi qui traitement de l'informatique tout sauf idiot. Alors certes sur ce dernier point le film est moins juste et intéressant qu'a pu l'être Hacker de Mann (encore), d'où une impression de voir le même film en moins bien. L'autre point bancal du film, c'est son ambition à être ambigu, et là aussi Greengrass fait preuve de peu de subtilité, tout le métrage cherche le non-manichéisme, en remettant en cause les actions de Bourne et en le personnage de Vikander qui finit par l'aider, mais il fait quand même bien comprendre que Bourne c'est le gentil et que ceux qui veulent l'arrêter c'est les méchants, et cela jusque dans un ultime retournement de situation

C'est assez ridicule surtout que le cinéaste gère bien ses éléments politiques et la nuance dans les oppositions, par exemple : où est passé le non manichéisme de Captain Phillips ? C'est incompréhensible. Au final ce dernier volet de Jason Bourne est bancal, tout ses éléments semblent être en dent de scie et alterne entre ce qu'il se fait de mieux et de pire dans le cinéma d'actions. Cependant le film n'est en rien antipathique et propose de vrais questions et une mise en scène parfaitement efficace quand elle ne tombe pas dans des poncifs du genre. Toutefois on lui préférera Hacker, plus maitrisé et mieux mis en scène.