La Contre-Attaque dans la Peau

Attention, critique très longue donc prenez du pop corn !

Et on y est ! Le Nouveau Jason Bourne ! Donc après 2 films où Matt Damon s'est exilé dans l'espace, Ridley Scott, lui a remis les pieds sur terre pour qu'il reprenne en main la saga d'espionnage après le passage de Rogue Nation et Spectre. Sauf que là, il s'agit d'un film à la Mission Impossible : Protocole Fantôme; c'est à dire un film qui s'inscrit dans une saga mais qui est le point de départ d'une nouvelle ère. Fini, le Jason Bourne amnésique, on a maintenant un Jason Bourne qui sait qui il est et est prêt à faire payer ceux qui lui ont gâché la vie. Donc Jason Bourne est là et il n'est pas content dans ce film. Alors le film est - il bien ? En résumé, il a de bonnes choses, mais des faiblesses assez handicapantes.

Paul Greengrass , serial tangueur

C'est officiel, j'en ai marre des cinéastes adeptes de la shaky-cam. Je trouvais que Civl War était gâché entièrement à cause de ça (et les frères Rousseau vont s'occuper d'Avengers Infinity I & II, mdr, Whedon s'il te plais reviens) Hunger Games était un cas d'école de film pas transcendantal à cause de la shaky cam (je n'ai vu que le un et cela me saoulait, même si le film était globalement de bonne facture), et je ne parlerai pas de Green Zone qui était aussi dans la même veine (aussi avec Matt Damon). La shaky cam fonctionne que si on sait bien l'utiliser et surtout avec parcimonie. Dans ce film, Paul Greengrass, l'utilise dans de bons moments, il n'y a pas de soucie. Mais ça traîne et ça traîne et ça traîne. C'est désagréable et inutile oui c'est un parti pris artistique. Oui cela donne plus d'immersion aux scènes d'actions je ne dis pas le contraire. Mais quand cela devient systématique et inutile c'est désagréable. C'est pire que les lens-flares de J.J Abrams (dont le seul film où j'ai trouvé vraiment abusé était dans Super 8). Autre problème, les zooms. Je ne les trouve pas utile non plus, surtout si tu sais mettre de la mise en scène en alternant habilement des plan américains et des gros plans (comme dans le premier quart d'heure du film). A quoi ça sert de mettre des zooms si tu sais très bien contourner avec ce procédé ? Là aussi franchement je ne comprends pas. Et c'est dommage parce que la mise en scène, la photographie et l'ambiance est vraiment prenante et donne un bon aspect thriller. La photographie est assez sombre globalement et les flash-back bien utilisés (contrairement à Suicide Squad). Donc au niveau de la réalisation, on a du pour et du contre. Reste les personnages qui sont le point fort du film.

Jason Bourne alias David Webb

Tout d'abord, on a notre Jason qui sait qui il est c'est à dire David Webb. C'est un personnage badass et réfléchi. Il possède la même détermination de son précédent personnage , Matt Witney, aussi fort physiquement que intellectuellement. Il met toutes sa science et ses muscles afin de faire tomber les opérations secrètes de la C.I.A. Cela dit on est plus proche d'un personnage à la John Mc Clane et Richard Kimble : Fugitif faillible dont ses ennemis mesure à la fois ses faiblesses et sa dangerosité. De plus, il est bien plus actif que dans la mémoire dans la peau et ça c'est cool.

En parlant, d'ennemis, comment ne pas mentionner Robert Dewey joué par Tommy Lee Jones. Mon grand regret par rapport à l'acteur, c'est la nouvelle V.F (Je suis plus Claude Giraud que Féodor Atkine ). Cela dit, la filiation avec le fugitif est bien là. Il veut vraiment éliminer Jason quitte à lui remettre en question intellectuellement. C'est un antagoniste plus que charismatique et son parfait antithèse.

Du coté muscle on a Asset (ou l'Atout en V.F.) joué par Vincent Cassel. Lui aussi parfait antagoniste. Il possède de la rancœur envers Jason mais on remarque que lui non plus ne l'a pas épargné non plus

Il parle peu et Paul Greengrass le met bien en valeur en faisant un tueur tranquille vraiment inquiétant.

Et ... Heather Lee (Alicia Vikander). C'est aussi un personnage excellent (et pas la love interest soyez prévenu) et dont on ne sait pas si on peut ou non se fier à elle. Clairement, elle est parait du coté de Jason mais le film conserve assez d’ambiguïté pour qu'on ne la qualifie pas clairement d'allié.

On a aussi le personnage cible en la personne d'Aaron Kallor (Riz Ahmed). N'ayant pas vu les 2 précédents volets, je ne sais pas si c'est une gimmick de la saga de faire un personnage cible et anecdotique au début, un personnage plus important vers la fin. Si c'est le cas, on peut dire que ce personnage qui parait anodin se révèle très important au fur et à mesure du récit. C'est un véritable Steve Jobs qui a conclu des affaires pas très nets avec Dewey et qui a un lien avec Heather. Il est assez dommage que ce lien ne soit pas exploré tant que ça mais bon il y a une explication.

Les autres personnages sont plus secondaires à l'intrigue mais quand même important. C'est le cas de l'alliée de Jason, Nicky Parsons (Julia Stiles) qui était présente dès le début de la saga et qui fait le lien entre l'ancienne et nouvelle ère

Une histoire qui semble classique mais intéressante

L'histoire en elle même ne semble pas aussi prenante que durant les précédents volets et c'est la critique qui revient souvent. Cela dit, si on regarde de plus près, pas tant que ça. L'histoire est en faite un prétexte afin de mieux exploiter le personnage de Jason, son ingéniosité, son passé et ses doutes. Durant tout le film, Jason est un fugitif dont on sait peu de choses mais qu'on découvre de plus en plus son état d'esprit. Il est vrai qu'intellectuellement, il a le devoir d'avoir plusieurs coup d'avance sur ses adversaires, mais psychologiquement, il est une cible plus que facile. De la même manière l'histoire exploite aussi bien la psyché des autres personnages. Entre Heather qui doute de plus en plus de Dewey mais qui nourrit des desseins secrets, Dewey qui manipule son monde afin que le programme soit de nouveau actif et secret et enfin l'Atout qui fait de la traque de Jason une affaire personnelle. Bref, les enjeux du film ne sont clairement pas ceux qu'on met en avant, à savoir qui de Jason ou de Dewey se fera avoir le premier, ou encore es-ce que Aaron Kallor survivra à tout ce marasme. Cela est assez similaire avec les intentions de base du premier volet qui se concentrerait sur le personnage amnésique de Jason. Ici, l'histoire part du postulat qu'on a un personnage qui sait tout de son passé mais pas des circonstances et pas grand chose du programme dont il est issu (et dont il a porté un sérieux coup). Bref, une histoire certes classique mais pas forcément dénué d'intérêt.

Film d'action honnête

Bref, Jason Bourne a tout du point de départ d'une nouvelle ère dans la saga et est un film d'action efficace et intelligent dans son traitement. Cela dit, le style Greengrass est aussi bien un atout qu'un handicap dans le film. Ce n'est pas la réalisation inégale de Captain America : Civil War, mais ce n'était pas loin, et heureusement que certains choix artistiques compensent la shaky cam abusive. Sinon, c'est du presque tout bon.

Version fun de la critique ici