L‘évincement de Jason ayant été mal vécu, les producteurs poursuivent la saga après un moment de doute et intitulent ce sixième opus Jason Lives afin de bien rassurer les fans. Ce chapitre est globalement l’un des plus appréciés, la meilleure suite et même le meilleur répisode pour une majorité relative de cinéphiles. C’est aussi celui qui vient sceller le tournant de la saga, avec une seconde ère fantasque qui débouchera sur de la SF pure et un Jason dans l’Espace. Pour certains puristes, c’est donc là que commence la dégringolade, pour d’autres, le véritable cœur de la saga sera dans ces escapades pittoresques ; elle apporte en effet une identité (nanardesque) à cette franchise aux manques cruels.


Retour donc de Jason himself et retour au camp Crystal Lake, cependant rebaptisé Forrest Green. Le spectacle démarre sur la résurrection du boogeyman ; décidé à régler leur compte à ses démons, Tommy (incarné par un nouvel acteur, Thom Matthews) vient brûler le corps de son ennemi. Mais lorsqu’il le déterre, Jason est ramené à la vie par un éclair. Jason le zombie en profite pour reprendre ses affaires barbaques, tout en s’annonçant plus cool et léger - prenant la pose au générique en singeant James Bond (l’une des seuls sagas plus prolifique que Vendredi 13). Tommy se démène alors pour convaincre les habitants et surtout la police, mais ne fait que prolonger sa solitude. Lorsque les jeunes moniteurs de la colo pour enfants sont tués les uns après les autres, la police accuse d’ailleurs ce fou furieux de Tommy. Heureusement, celui-ci a une alliée : la fille du chef de la police, tombée sous son charme de marginal tourmenté !


Ce sixième Vendredi 13 est surprenant, on dirait : un vrai film ! Il est équilibré, efficace, pas dans le cumul de petites choses superflues et de gros morceaux foireux. Au lieu de s’éparpiller comme le faisaient les quatre premiers Vendredi 13, il se concentre sur Tommy, ses pérégrinations avec Megan (Jennifer Cooke) et sa lutte contre Jason. Cependant la hausse qualitative se fait au prix d’une normalisation. Jason Lives n’est pas un slasher ni même un film d’horreur pur ; il induit des éléments hors-sujets, le plus significatif étant la présence du groupe d’écoliers. Montrer ces enfants au phrasé d’ados vulgaires et pour certains totalement distants par rapport aux drames en cours, c’est absolument sans intérêt. L’intention est peut-être de titiller une certaine nostalgie chez les spectateurs et de détendre l’atmosphère, comme dans le Chapitre 4.


La franchise y gagne une certaine douceur, à la limite du consensus pour les publics étrangers à l’horreur. D’ailleurs, Jason épargne systématiquement ces petits enfants, lesquels n’ont décidément rien à faire là. En dépit de cette fadeur mainstream à la place de l’inanité des premiers Vendredi 13, Jason le mort-vivant convainc dans l’ensemble par ses qualités absolues ou même relatives ; on prend plaisir à suivre une véritable intrigue (c’était entamé mais pas si clair dans le 5), profite de personnages tenables, la confusion et les ados mi-fantômes mi-hystériques étant omis. La dérive vers le policier est défendable et surtout le bois est exploité, avec par exemple la partie de paintball. Là encore, le chapitre 5 prenait davantage en considération ce contexte, idyllique pour un slasher. Le résultat pourrait être bien meilleur mais dans l’univers des Vendredi 13, on vole déjà très haut.


Le film se distingue enfin par une BO signée Alice Cooper et un combat final enflammé sur le lac. Les amateurs pourront apprécier l’humour et les poussées scabreuses ponctuels, mais frontaux. En définitive, ce Chapitre 6 est un film décent en soi, assez classique, se donnant comme un plaisir coupable, mais en soignant la chose. Compte tenu de l’estime dont il jouit, il est placé loin devant le Chapitre 5, mais c’est là une pure question d’appréciation, les deux s’affirmant par des options très différentes. Ils ont en commun d’être deux films bis regardables et vaguement aimables.


https://zogarok.wordpress.com/2015/10/30/la-saga-vendredi-13/

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le 31 oct. 2015

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