Le fanfilm fait par un type qui est fan de lui-même et de son oeuvre

Ouch ça fait mal quand même !


Cela fait quelques années maintenant que Kevin Smith fait des films pour ses fans, il leur propose des pitchs, ils votent (lors de ses podcasts) ; je ne suis pas son podcast mais clairement, ce film-ci a été pensé pour les fans tant cela regorge d'auto-références, de réponses à des questions laissées en suspend, ça donne même l'impression que les films dont on espérait une suite devront trouver leur compte dans celui-ci (genre Mallrats ou Chasing Amy).


Ce jeu de l'auto-référence je me demande si ce ne serait pas l'ami Tarantino qui le lui aurait suggéré (volontairement ou pas) parce que si Once Upon a Time on Hollywood peut être vu comme un hommage à la filmographie de QT par QT lui-même, ici, sur un mode un peu plus en auto-dérision, on a l'impression d'assister au même exercice narcissique. Oui, c'est fait avec humour, n'empêche que tout le film ne semble tenir que sur ce postulat : parler des films de Kevin Smith.


Parce que d'un scénario, il ne est difficilement question : c'est foutraque, décousu malgré le déroulement linéaire, tout est prétexte à croiser des personnages ou des acteurs des précédents films ; certains ont eu le bon goût de ne pas rempiler (ou alors KS a décidé de ne pas les réinviter, tant mieux), ce qui permet de respirer un peu, mais ça n'empêche pas de sentir le forcing en permanence, au point qu'on peut presque anticiper les caméos (heureusement Smith en joue parfois et amène son pote plus tard que prévu).


Ce n'est pas très comique... Je n'ai souri qu'en de rares occasions. Pourtant j'aime beaucoup J&SB ainsi que l'humour de Smith en général, y compris quand il imagine des mini Hitler envahissant le monde... mais là ça ne passe pas, les gags sont mal amenés, mal exploités, pas creusés, ça part dans tous les sens et aucun caméo ne fait vraiment plaisir parce que les invités sont eux aussi en roue libre. C'est un film entre potes en fait. Un film entre potes qui a coûté du fric et qui en rapporte... c'est un peu minable. J'imagine que ça permettra à Smith de financer un prochain projet, du moins je l'espère, mais c'est un peu triste de vendre son cul de cette façon... Clerks 2 cloturait à merveille son cycle, c'est très con d'y revenir de la sorte. Même quand Smith descend ses propres films, ce n'est pas très drôle ; c'est surprenant, mais c'est gratuit et pas très creusé, du coup c'est assez anecdotique : c'est d'ailleurs très frustrant car lors de ses one-man show, Smith n'hésite pas à décortiquer ses mauvais films à raconter des anecdotes très poussées, alors pourquoi être si superficiel sur ces mauvais moments dans ce film ?


La mise en scène n'est pas terrible non plus : ça sent un peu le fauché, le découpage n'est pas terrible, le montage est parfois un peu maladroit ; par moment ça fait penser à un premier film ou un film d'étudiant. Heureusement ce n'est pas toujours l cas, globalement ça reste bien emballé. Les acteurs surjouent tous, cela en devient agaçant, ça manque de normalité pour permettre de démarquer la folie des personnages principaux.


Bref, ce film est très mauvais.

Fatpooper
3
Écrit par

Créée

le 29 janv. 2020

Critique lue 587 fois

4 j'aime

7 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 587 fois

4
7

D'autres avis sur Jay et Bob contre-attaquent… encore

Jay et Bob contre-attaquent… encore
Loys_G__Bakemono
7

Daddy Jay and Father Bob vont chez le rebouteux pour un retour à la Pop-cul-ture.

Le cinéma de Kevin Smith, c'est le cinéma d'une génération. Trop geek pour certains il y a 25 ans, mêlant les préoccupations de ceux de sa génération (amour, sexe, marijuana et la difficulté de se...

le 23 janv. 2020

6 j'aime

5

Jay et Bob contre-attaquent… encore
Peeping_Stork
4

Jay and Silent Bob Reboot (Kevin Smith, U.S.A, 2019)

Alors jeune adolescent en quête d’apprentissage, j’eu la chance de croiser la carrière du génial Kevin Smith, réalisateur américain indépendant, dont les œuvres marquèrent durablement mes rétines...

le 6 mars 2020

4 j'aime

Jay et Bob contre-attaquent… encore
Fatpooper
3

Le fanfilm fait par un type qui est fan de lui-même et de son oeuvre

Ouch ça fait mal quand même ! Cela fait quelques années maintenant que Kevin Smith fait des films pour ses fans, il leur propose des pitchs, ils votent (lors de ses podcasts) ; je ne suis pas son...

le 29 janv. 2020

4 j'aime

7

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55