"Je t'aime, je t'aime" est surement le moins connu des films d'Alain Resnais. Celui-ci a rencontré deux handicapes majeur dans sa carrière, d'abord c'est un film de science-fiction (oui, vous avez bien lu), de vrai science-fiction ! Et c'est un genre totalement méprisé par les cinéphiles de l'époque ("2001, odyssée de l'espace" n'a pas encore fait la révolution du genre à ce moment). Et secundo, le film eut le malheur de sortir au moment des révoltes de mai 1968 en France, il n'a donc pas eu de carrière en salles et sa projection au festival de Cannes fut même annulée en raison des évènements (il fut projeté finalement 35 ans plus tard). Il serait pourtant temps de redécouvrir ce film atypique dans la filmographie du réalisateur.
Au départ Alain Resnais voulait faire un film avec Chris Marker, le réalisateur du célèbre court-métrage de science-fiction français "La jetée". Mais ce dernier n'est pas intéressé et lui conseille d'aller voir l'écrivain Jacques Sternberg, connu pour ses nouvelles de science-fiction atypiques. Les deux hommes vont élaborer ensemble un film qui aurait pourtant du devenir emblematique des années 60 puisqu'il parle d'expérimentation sensorielle et de drogues pour permettre le voyage temporel. Le tout dans une mise en scène totalement expérimentale avec un montage volontairement chaotique et déchronologique. Un style que l'on retrouvera chez Ken Russell bien plus tard dans "Au-dela du réel" en 1980.
Initialement, les voyages temporels devaient être filmé entièrement en caméra subjective du point de vu de Claude Rich qui joue le voyageur cobaye. Finalement Resnais obta pour une autre approche beaucoup plus subtile où l'acteur est toujours cadré au centre de l'image durant ses voyages temporels, à l'exception des séquences où il rêve. On comprendra assez vite que la science-fiction n'est pour Resnais qu'un prétexte pour expérimenter un style de montage inédit et totalement déconstruit (en apparence). Il faut enfin saluer Claude Rich qui parvient immédiatement par son jeu gai ou sombre à faire comprendre, quel moment de sa vie on est en train de revivre. Mais n'oublions pas non plus la voluptueuse musique de Penderecki et le design osé d'une citrouille gonflable pour la machine à voyager dans le temps.

Jean-FrancoisS
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le 29 nov. 2015

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