La chair de ma chair.

Ounie Lecomte met en scène l'histoire d'une fille à la recherche de sa mère. Au premier abord on peut penser qu'il n'y a rien de bien nouveau là-dedans, c'est le genre de postulat que l'on voit dans beaucoup de films et téléfilms français, seulement ici se logent de vraies qualités de mise en scène.

Bien que l'écriture du film demeure simple, parfois même attendue, Ounie Lecomte s'attache surtout à transcender tout cela à travers sa mise en scène, qui elle est pour le coup plus audacieuse. Infiniment touchante, cette mise en scène filme les corps et s'attache à souligner la relation mère et enfant. Les séances de massages sont particulièrement belles, lorsque Annette (Anne Benoît) vient alors au cabinet de sa fille kinésithérapeute (Céline Sallette) qu'elle ne connaît pas encore, se faire masser.
Dans ces séquences les détails foisonnent et permettre vraiment à l'histoire de prendre une ampleur toute différente. Une image percute en particulier, celle où la fille pour soulager sa mère de ses problèmes de dos, la met en position fœtale pour travailler les muscles endoloris, parfaite métaphore de la maternité et de l'enfant vulnérable.

A vrai dire le film touche notamment grâce aux deux actrices principales. Céline Sallette compose avec beaucoup de pudeur et de lumière une jeune femme qui ne peut plus avancer dans sa vie tant qu'elle n'aura pas découvert celle qui l'a mise au monde. Anne Benoît quant à elle illustre une figure maternelle plus troublée, presque enfantine car elle même vivant toujours chez sa mère. Une femme-enfant douce et attachante prisonnière du choix qu'elle a dû faire il y a trente cinq ans.
Toutes deux forment un duo bouleversant qui peut évidemment faire échos aux expériences personnelles de chacun.

Ounie Lecomte signe donc ici un magnifique film sur la mère et l'enfant, la séparation et le désir de vivre pleinement sa maternité. La mise en scène toute en douceur et pourtant tellement significative donnerait presque l'impression de s'adresser au public en soulignant qu'il s'agit là d'une fiction mais que peu importe au final, chacun mérite d'être follement aimé.