Ce qu'il y a de plus flippant avec ce solide petit film de genre ? L'impression de voir en filigrane l'histoire même de Victor Salva, le réalisateur. Le creeper, ce croquemitaine qui hante tout le film et qui préfère
au final s'en prendre au garçon pour ses jolis yeux plutôt qu'à la jolie jeune femme,
c'est lui, c'est Victor Salva avec ses pulsions malsaines. Son passé de pédophile. On se repasse alors le film dans sa tête et la lecture psychanalytique prend le pas : la menace qui sans cesse arrive par derrière à l'insu des innocents, l'obsession pour les odeurs et la mise à sac des habits et des culottes du garçon, la maison de la douleur, véritable antre sexuel et "chapelle sixtine d'un taré"... On passera rapidement sur les invraisemblances et les agacements liés au duo de comédiens. Efficace et suggestif, le film l'est au final grâce à un montage soigné, des vraies images marquantes (le camion dans le rétro, l'église abandonnée, la voiture de flic dans la nuit) et une économie de moyens qui oblige à quelques trouvailles. Je pense notamment aux quelques motifs ou traits qui permettent d'incarner admirablement la créature inspirée de l'homme-phalène, du boogeyman, du bouseux dégénéré et de la harpie (exemple : L'aile déployée comme pour signifier l'agonie de l'animal). Le diable se cache dans les détails.
C'est glaçant.