Oeuvre nihiliste, désenchantée & réactionnaire, véritable choc des cultures et des classes sociales

Bill Compton a plutôt bien réussi sa vie, il est publicitaire et mène une vie aisée avec son épouse dans l’Upper East Side à New York. Tout va pour le mieux, si ce n’est Melissa, leur fille unique qui mène une vie qu’ils ne supportent pas (elle est hippie et sort avec un toxicomane & dealer). Après une overdose, Bill sort de ses gonds et tue accidentellement Frank. En se rendant dans un bar pour tenter d’oublier, il y fait une rencontre qui sera déterminante, celle de Joe Curran, un ouvrier gouailleur et qui n’a pas sa langue dans sa poche.


Joe (1970), c’est le choc de deux mondes, d’un côté la classe aisée et de l’autre, la classe populaire. Bill est un homme riche, distingué et éduqué, Joe est un vétéran du Vietnam qui ne passe pas inaperçu, ce dernier n’aime ni les hippies, ni les drogués, et encore moins les communistes et les personnes de couleur. Il serait du genre à tirer dans le tas comme s’il était encore au front, sauf qu’il n’en est rien, il est chaudronnier dans une usine et doit se contenter de retrouver bobonne chaque soir, en sifflant ses bières et astiquant ses armes à feu en se remémorant le bon temps qu’était la guerre. Deux hommes que tout oppose et qui pourtant, un soir devant le comptoir d’un bar après une confession involontaire, scellera entre eux une étrange & contre-nature amitié.


Injustement méconnu du grand public et pourtant tellement proche de Taxi Driver (1976), est-ce que le film de John G. Avildsen (Rocky - 1976) était trop précurseur pour être passé ainsi inaperçu ? Le film dresse le portrait glaçant d’un ouvrier facho qui en veut aux hippies, aux « nègres », aux camés, aux cocos, … Une œuvre nihiliste, désenchantée & réactionnaire, véritable choc des cultures, choc des classes sociales, nous offrant par moment des séquences d’anthologie (le monologue de Joe où durant 4min il crache sa haine de l’autre) ou encore des séquences particulièrement malaisantes (la rencontre entre les deux couples, d’un côté les bourgeois et de l’autre les prolétaires).


Joe fini par faire un transfert sur Bill et va, lentement mais surement, l’engrainer vers le point de non-retour, dans ses idées nauséabondes à travers laquelle il voit dans sa justice sociale, le renouveau de l’Amérique, tel un nettoyage ethnique où il faudrait éliminer la vermine qui salit l’Amérique.


John G. Avildsen brosse un portrait de l’Amérique typique de l’ère Nixon, au vitriol et sans concession, le tout, magnifié par la présence incandescente de Peter Boyle (avec son physique patibulaire de camionneur), Dennis Patrick et pour la toute première fois au cinéma, la jeune Susan Sarandon (23ans lors du tournage).


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« Quelle musique de merde ! La racaille des hippies nègres blancs et compagnie nous ont pourris notre belle musique. Oh j’aimerais bien qu’il m’en tombe un de ces salopards sous les pattes, je le tuerais. J’aimerais bien en tuer un. L’état leur passe tout, ils tronchent, ils s’droguent, ils pissent sur l’Amérique, ils foutent la musique par terre. J’aimerais bien en tuer un. Ah oui parole, c’est vrai que j’en tuerais bien un. »


« Alors là j'te suis plus moi. Tu les hais ces jeunes. Tu déteste ces filles qui se foutent de toi, tu les hais ces merdeux, ces dégueulasses. Ils te prennent pour une cloche. »


« Ces jeunes ils te chient dessus, ils chient sur ta vie, ils chient sur s’que tu prends au sérieux, ils chient sur tout ! T’es comme moi, tu les hais. »


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le 11 avr. 2021

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