Syndrôme "vieux con" aidant, je subis une saturation de block-buster de super-héros. Le fond comme la forme me déplaît ou finit par me lasser à la longue.


Mais quand j'ai vu qu'allait sortir un film dédié à l'Empereur des super-vilains, et qu'en plus il allait être interprété par Joaquin Phoenix, j'ai dressé l'oreille.
Et ça tombe rudement bien. Car il ne s'agit pas d'un film de super-vilain. Et surtout pas d'un block-buster. C'est un drame social.


Certes, il est question de la naissance du Joker. Mais il s'agit surtout de l'histoire d'un homme, avant tout. Ici le Joker est surtout un prétexte, un élément connu de fin de film. L'idée n'étant pas de savoir concrètement comment tout ceci va finir, mais surtout comment cela a pu se produire.


La réalisation est très intimiste, les espaces clos du début tendant progressivement à s'ouvrir au fur et à mesure du film.


Todd Phillips nous dépeint un monde où tout se passe sur le fil du rasoir. En ce sens, Gotham City c'est chez nous. On est loin du Gotham sombre des premiers Batman. Ici, tout semble conforme à notre monde, ce qui le rend d'autant plus terrifiant.


La frontière est infime entre le super-héros et le super-vilain. Et d'ailleurs qui est qui? Car s'il l'on s'attache à l'angle narratif du film, le Joker est bel et bien un héros, dans sa définition populaire. Un héros dans le sens où il se dresse comme un rempart face au rejet du plus faible, face au mépris, à la moquerie et à l'indifférence. En opposition complète avec une famille Wayne très éloignée des préoccupations du peuple qui gronde.


La frontière est également fine entre cet handicapé attachant dont la mission est de procurer la joie autour de lui et ce criminel en devenir.


Je ne sais pas si le mouvement des Gilets Jaunes a inspiré Todd Phillips lors du tournage mais on ressent le même type d'aspirations au sein de la population de Gotham avec également les dérives violentes qui l'ont accompagné.


Je reprends ma thèse du départ. Il s'agit d'un drame social plus que d'un film de super-vilain. Le message de ce film est qu'un Joker sommeille en chacun d'entre nous, mais que la bienveillance, le respect, l'amour et les repères familiaux empêchent son réveil. Et lorsque tout s'effondre, l'humanité n'a plus rien à perdre. Et il n'y a rien de plus incontrôlable qu'un humain qui n'a plus rien à perdre.


La performance de Joaquin Phoenix est absolument époustouflante, digne d'un Oscar.

EstFaTum
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le 12 oct. 2019

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Sophiste PTC

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