J'ai voulu attendre de voir le film avant de lire les critiques et j'ai visiblement bien fait.
Car les personnes qui attendaient un soulèvement dans cet opus sont des personnes qui, à mon humble avis, n'ont pas bien compris ce qui est au centre du premier volet. Ce n'est pas le soulèvement du prolétariat et de la misère sociale, même si elle est présente en fond de trame. C'est avant tout selon moi la naissance de la folie, la croissance et l'évolution de celle-ci qui est en premier plan. On retrouve cette évolution dans ce film, là où on l'avait laissée, et elle dépeint admirablement bien la schizophrénie au sens psychiatrique, peu importe sa cause aussi tragique soit-elle, peu importe ce qui la réactive et fait décompenser le sujet, et peu importe comment les gens l'interprètent et adhère ou non au délire. Loin de l'idée hollywoodienne de la schizophrénie et de la bipolarité amalgamées au dédoublement de personnalité. Ce qui doit représenter peut-être 2% des personnes psychotiques.
C'est peut-être le seul reproche que je pourrais faire à "Joker, folie à deux". Le moment où le "psychiatre" donne une "expertise" lors de laquelle le détenu est décrété "non psychotique" alors qu'il est analysé sous traitement... Une grosse blague tant tout dans son profil psychiatrique décrit un individu psychotique. Mégalomanie, hallucinations, décompensation due en partie à une rupture de traitement, bizarreries, érotomanie, etc...
Ce que je retiens de ces deux long métrages, c'est que Arthur Fleck va, à chaque fois, tenter de s'évader de sa folie pour ne pas avoir à se suicider. Il va alors s' inventer une réalité alternative pour donner un sens à sa vie. En s'accrochant à ce qu'elle lui offre.
Dans un premier temps la mission délivrée par sa mère de semer le bonheur, puis de s'insurger contre toute forme d'inégalité. Et ensuite, lorsqu'il est arrêté, le souvenir qu'il retient de son meurtre en direct, c'est la musique. Vient enfin l'idée qu'il se fait de l'amour. Et chaque exultoire nous plonge dans le trouble entre réalité et délire. Jusqu'à se demander si son histoire avec Harleen Quinzel est tout ou en partie imaginaire.
D'autre part, chaque fois qu'Arthur apprend une nouvelle difficile à encaisser dans sa coupe déjà pleine, cela déborde sous une forme épique de comédie musicale.
Le ras le bol et la perte d'énergie que certaines personnes ont ressenti émaner de ces multiples passages musicaux sont un petit aperçu de ce que les personnes psychotique doivent mettre en place pour survivre.