Josée, le tigre et les poissons
6.8
Josée, le tigre et les poissons

Long-métrage d'animation de Kotaru Tamura (2020)

Les festivals ont toujours été des facteurs assez compliqués à prendre en compte. On a envi de se dire au premier abord que c'est un indicateur de qualité. Cependant on ne sait jamais pour quel raisons le film a été sélectionné. Cela pourrait être une aide du sélectionneur à un ami réalisateur, on n'en saurait quasi rien car cela serait mis au même niveau que les films sélectionnés ayant été retenu pour leurs qualités propre. Mais faute de savoir comment prendre le facteur "sélection en festival", on arrive à un constat: les films qui profitent de ce statut ont une visibilité que d'autres films n'ont pas, on est amené à savoir si cela est mérité ou non, et dans le cas de Josée le tigre et les poissons sélectionné au festival international du film d'animation d'Annecy en tant que film d'ouverture en compétition officiel, cette volonté de comprendre ce qui distingue ce film-ci aux autres films japonais, ou du moins, les autres films japonais de la compétition. On a toujours du mal à avoir de vrais propositions japonaises en animation qui quittent les gimmicks de productions japonaises 2D adaptant des mangas à la chaine, et qui offrent des films vraiment intéressants. Du coup voir un film, s'inscrivant de loin à la caricature même du drame écolier japonais que l'on a vu mille fois, être en compétition officiel d'un festival international du film d'animation (l'équivalent du festival de Cannes en animation), et faire l'honneur d'ouvrir l'édition 2021 du festival... cela nourrissait l'interrogation. Verdict: Qu'est ce que c'était que cette merde ? Il m'a fallu une bonne demi heure pour me remettre du choque tant le moment fût laborieux et éprouvant !

Déjà on va répondre aux questions soulevés par l'introduction: Non, le film ne méritait pas sa place en compétition officiel, encore moins qu'il fasse l'ouverture du festival. Je ne comprend juste pas comment on a pu laisser un film aussi peu intéressant en compétition officiel. En omettant le résultat final et l'exécution même du film, le film n'a absolument aucun intérêt. On est face à une adaptation de roman qui suit sagement les railles du roman sans trop prendre de libertés, alors qu'en 2003 on a déjà eut une adaptation live de ce même roman, et que déjà à l'époque on avait plus de propositions et d'ambitions visuels et de rythme par rapport au montage. Littéralement, le film ne nous raconte rien de plus que ce que le roman ne nous raconte déjà, en terme visuel on ne cherche pas à avoir une réalisation qui cherche à même embellir l'histoire du roman, et on a ce sentiment que l'on aurait pris une tout autre histoire d'amour lycéenne, cela aurait engendré exactement le même film. Tout le long du film on a ce sentiment de platitude bon élève qui n'a aucun intérêt, et qui a absolument pas sa place dans des festivals de cinéma. Mais du coup, un film plat et pauvre de toute singularité, c'est forcément bien fait au millimètre pour que cela ait sa place en compétition. Même pas !

Le film est moche à crever. La chose étant que l'on est sur une production de film d'animation japonais qui se rapproche de la production de séries d'animation japonaise de 2015, et en 2015, on se plaignait que les productions ressemblaient aux productions de 2010, etc... L'animation 2D de ce film est pauvre. On a bien le dessin en lui même qui est beau et qui est agréable, mais ce dessin a beau être attrayant et bien, la production étant tellement grossière que les imperfections de certains traits de personnages (surtout sur Josée) qui faisait la force du dessin devient un défaut d'une laideur absolu. Il y a bien un ou deux plans qui sont mieux travaillés comme la scène de fin qui est très belle parce que c'est une scène importante, mais cela renforce le film dans son côté bon élève et simple qui ne fait de grandes scènes que lorsqu'il en faut une pour éviter de paraitre mauvais... sauf qu'en pensant comme ça, on est forcé de produire quelque chose de mauvais. Cependant je ne peux pas être mauvaises langue, il y a bien des moments, surtout sur le début, où l'animation et la réalisation s'en sort mieux. Lorsqu'il y a des scènes humoristiques et avec du décalage avec notamment la réaction du héros qui fait un peu sourire, on sent une réelle aisance dans le montage et dans le timing comique, et en terme de plan on est sur quelque chose d’étonnamment bien. il y a notamment un plan où le héros est ivre mort contre une table où la caméra film à moitié dans un verre de bière à moitié vide, et ce plan est étrangement très beau. On sent une réelle aisance et une maitrise de la comédie, à croire que le réalisateur est plus fait pour filmer de la comédie plus que des drames. Enfin les musiques sont pas inintéressantes et certaines sont vraiment très bien car bien introduites et contenant des mélodies super agréables. Maintenant, si je dois parler de la réalisation, je dirais qu'il y a deux gros soucis majeurs. Déjà la première, que j'ai déjà mentionné mais où il y a des détails à approfondir, c'est les graphismes qui, lorsqu'elle essaye vainement de rajouter de la 3D dans un décors 2D et que cela ose faire des mouvement de caméra, l'incrustation part totalement en vrille et c'est immonde à regarder. Enfin le dernier défaut, qui est pour moi le pire lorsque l'on parle de la réalisation: le doublage est hors sol. Sur la VF du film, si les personnages principaux sont pas trop mal malgré que l'on pourrait avoir par moment une meilleur direction d'acteur, l'entièreté du casting est à jeter. On est à deux doigts du niveau Birdemic de la nullité au doublage. Les personnages bafouillent à moitié, ne savent pas parler pour certains, et la suivi même du film en devient laborieuse tant certains jouent aussi mal que dans les pires nanars que l'on peut trouver sur Youtube. Mais plus que le doublage luxembourgeois qui me rend triste, ce sont les dialogues qui sont pompeux, trop verbeux, et inaudible tant ils manquent de naturel et tant le travail d'adaptation n'a pas été fait. Ce qui alourdi un film déjà pas simple en terme d'écriture (on y viens juste après), et peut même créer des sous entendu vraiment mal venu qui dé-servent le film. On a une scène, qui va revenir vers la fin comme métaphore d'évolution, où Josée lit l'histoire de la petite sirène à des enfants. Josée lit mal le film (un peu comme le doublage nous raconte affreusement mal le film), et il y a des enfants qui désertent la lecture. Plus tard on a cette même scène mais avec une meilleur lecture et une appropriation de l'histoire de la petite sirène, et on voit presque le film en train de s'excuser d'être mauvais, mais tente de nous faire croire que le film a su grandir et s'améliorer pour être ce qu'il est... sauf que non, le film est raté de bout en bout.
Le film a un rythme anarchique et n'a pas de cohérences en terme de rythme. Normalement on utilise le rythme pour mettre en avant un évènement plus qu'un autre qui est superficiel. Sauf que ce film n'a visiblement pas compris comment marche le rythme au cinéma et met en avant des scènes sans réfléchir à ce que cela peut raconter. Le film présente un héros, son cadre de vie, ses fréquentations (dont les principales caractéristiques du celtic rigolo, du moins le peu qu'on aura durant tout le film), sa routine, avant de tout casser à l'arrivé de Josée qui va manifester un comportement agressif envers lui, mais lui cherche quand même à l'aider et à rendre service, du coup il va être embauché par la grand mère de Josée (qu'on a elle même introduite comme aimable généreuse mais autoritaire) en tant qu'aide à domicile pour Josée afin de financer son rêve de partir au Mexique qui est lui même expliquer en même temps que tout ce que je viens de vous détaillé... dès les 10 premières minutes du film. C'est trop rapide. La chose est tellement présenté à la va-vite que l'on y croit pas à cette situation. Le héros va pour taper la discussion avec la grand mère de Josée jusqu'à chez elle sans aucune raison alors que Josée l'a mordu l'a insulté de pervers sans raison, et continue de l'insulter durant tout le trajet. Tout est fait pour forcer ce qu'il doit se passer. 5 minutes plus tard, on a Josée qui fugue de chez elle et qui noue d'amitié avec le perso principale qui la rattrape et qui l'aide à aller voir la mer, avec un plan angélique d'eux jouant dans l'eau qui sort de nulle part... tout est forcé et tout est fait pour qu'à la fin on ait un montage mashup de belles séquences qui sauront avoir l'air bien à la fin, alors que cela ne marche pas car on a le contexte pourrit qu'il y a autour. Après passé les 15 premières minutes du film, on a 30 minutes de séquences où le couple va pour sortir et visiter la ville sans que cela n'ait une quelconque forme d'importance. On a bien une tentative de rupture lors de la scène du magasin, mais vu que tout est amené de façon forcé Deus Ex Machina à base de "Tu ne comprends rien à rien", on y croit absolument pas. L'intégralité du film évolue au bon vouloir du personnage de Josée qui n'a aucune cohérence, et qui décide d'être gentille sur un coup de tête, ou même haineuse et profondément méchante parce que "Tu ne comprends rien à rien". Le tout essayant de se justifier vaguement lors d'une scène dans un parc où le héros, après moultes péripéties que je ne peux pas spoiler, dit "Elle avait raison, je ne comprends rien à rien, c'est tellement frustrant de ne jamais arriver à ce qu'on veut vraiment"... il est où le rapport avec le comportement de Josée ? C'est une chieuse intégrale qui ne fait que parler mal et d'avoir un comportement incohérent sans aucune raison. C'est parce qu'elle sait pas ce qu'elle veut et qu'elle est perdu ? Perdu de quoi ? Je ne spoilerai pas la fin, mais on voit très clairement ce qui guide la jeune demoiselle. Comment ça se fait qu'elle continue d'être incohérente alors qu'elle sait ce qu'elle veut. On nous sort des excuses sorti d'un chapeau qui n'ont aucune forme de logique pour justifier un comportement qui n'a aucun sens. Je rappelle que cette histoire est tiré d'un livre, et que ce livre a déjà eut une première adaptation cinématographique en live. Oui, il y a des scènes qui, scénaristiquement, sont pas inintéressantes comme certains twistes au milieu du récit que je passerai sous silence, ou même certaines scènes avec la jeune fille du magasins qui, malgré un doublage continuellement en roue libre, arrive à avoir des moments où l'on s'intéresse à elle et où l'on s'attache à elle, chose que l'on retrouvera pour le personnage principale, mais que l'on aura jamais pour aucun personnage du film. C'est un film plat, sans ambition qui, par moment, cherche bêtement à montrer qu'il ne l'est pas en essayant de se mettre en scène frisant le ridicule, et qui échoue dans tout ce qu'il entreprend. Là où 7 Days War a su assumer sa débilité et sa niaiserie pour faire une œuvre agréable, ici on rend artificiel une histoire qui n'avait pas à l'être. C'est puissant dans son échec, et triste à voir.


7/20


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Youdidi
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le 4 nov. 2021

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