L'inéluctable descente aux enfers d'un père et son fils : Une tragédie contemporaine puissante

Jouer avec le feu est une histoire très forte qui montre la fracture inéluctable entre un père (Pierre, joué par Vincent Lindon) et son fils (Félix, joué par Benjamin Voisin). On voit comment Pierre fait tout ce qu'il peut pour sortir son fils de cette descente aux enfers qu'il voit venir dès le début. Mais il reste impuissant face au véritable lavage de cerveau que les groupes d'extrême droite néonazis ont fait subir à Félix. Au péril de la vie — la sienne comme celle d'autrui — Félix va tout détruire autour de lui pour ces idées auxquelles pourtant personne n'adhère dans sa famille. Ses études, sa famille, sa santé, son avenir... Rien ne résiste à la tornade néonazie. On voit l'incompréhension du père et du frère de Félix (Louis, joué par Stefan Crepon) et surtout comment le délitement, puis le déchirement de leur relation ronge l'âme de son père alors qu'il souffrait déjà du décès de sa femme bien-aimée. À force de trop jouer avec le feu, Félix tue son père à petit feu. Le désespoir et la tristesse que l'on voit dans le regard de Pierre contraste terriblement avec la dureté et la violence qu'il y a dans celui de Félix. J'ai particulièrement aimé le jeu de Vincent Lindon et de Stefan Crepon, surtout à la fin... Dans l'acmé finale de cette tragédie digne des grands auteurs de l'Antiquité grecque, ils sont tous les deux impressionnants par la puissance et la profondeur des émotions qu'ils transmettent. On voit comment derrière un jeune violent, il reste tout de même un être humain, fragile et tourmenté.