Quotidien fatal

Film intéressant, mais éminemment dépressif, dans le fond - thèmes relatifs à la disparition et à la mort, personnages à l'avenant (Simone Signoret sexagénaire, entourée notamment d'un prédécesseur mourant et d'un collaborateur alcoolique et dépressif…) - comme dans la forme : teintes grisâtres, image froide, climat hivernal...
Pour être clair, j'ai éprouvé le besoin de faire un break au bout d'une heure, à mi-métrage, accablé par cette atmosphère morbide, entre tristesse et ennui.

La deuxième moitié est mieux passée le lendemain, car le sujet reste fort pertinent, entre documentaire réaliste sur la Presse Quotidienne Régionale, et réflexion sur le temps qui passe, à travers le portrait d'une femme au bout du rouleau, qui tente un ultime baroud d'honneur.

On assiste ainsi aux difficultés économiques de la PQR, confrontée aux grands groupes médiatiques, au phénomène de collusion politico-économique, et à l'émergence de nouveaux modèles (presse gratuite notamment).
Dans le même temps, chacun joue sa propre carte au sein du journal, entre l'éditorialiste à l'égo démesuré, le syndicaliste ambigu, le jeune espoir démotivé… Partisans du conservatisme et du changement s'affrontent et ne facilitent pas la tâche de Judith, la nouvelle patronne.

Avec ce deuxième long-métrage, le réalisateur Patrice Chéreau signe donc une oeuvre peu aimable mais sans concession, si ce n'est - pour l'anecdote - lorsque le parcours européen du club de football local est illustré par des images d'une rencontre entre la Pologne et la Suède!