Judith Therpauve est le second film réalisé par Patrice Chéreau, alors considéré comme un petit prodige du théatre. Il met en scène Simone Signoret, une (presque) sexagénaire, veuve d'un grand résistant, à qui des anciens amis lui demandent de prendre la direction du journal La libre république alors en chute de ventes, parce qu'elle est actionnaire et que c'est en quelque sorte son devoir. Devant le mépris affiché de sa famille à son égard qui préfèreraient qu'elle vende ses parts, elle accepte sans se rendre compte des bâtons dans les roues qu'elle va devoir endurer.


Mettons les points sur les i : Judith Therpauve n'est pas un film aimable, qui va vous prendre par la main avec des grands sourires. Non, il montre une réalité économique qu'on connait, qu'on voit, qu'on entend, mais avec une grande crudité, où la sauvegarde du journal est à n'importe quel prix, quitte à demander une baisse de rémunération des salariés.
On sent dans tout le film cette tristesse, cette forme de noirceur (inhérente ?) au lieu où ça a été tourné, ce temps hivernal où le soleil ne jamais poindre.... Je l'avoue, c'est déprimant, au point que j'ai dû arrêter quelques instants le visionnage, étouffé par tant de morbidité, le mot est lâché. Car la mort rôde aussi, notamment le prédécesseur que Signoret rencontre à l'hopital...


Mais le problème ne vient pas de cette dernière, qui est formidable, portant à elle seule le film de par son autorité naturelle, sans élever sa voix, et où elle s'oppose à de nombreux responsables, dont un jeune Philippe Léotard. Elle aussi est habillée de tenues sombres, et d'ailleurs Patrice Chéreau va jusqu'à ne proposer aucune musique, à une part une seule qui vient d'un autoradio ; à ce niveau-là, c'est presque de l'ascèse !


J'ai toujours beaucoup de mal avec le cinéma de Chéreau, qui est quand même très cérébral, et est souvent ennuyeux, à l'image de son dernier film Persécution. Judith Therpauve tient vraiment à son actrice principale, et ça donne envie de voir une comédie bien grasse pour se changer les idées.

Boubakar
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le 22 oct. 2020

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