Il y a des problèmes et de surprenantes merveilles dans ce Jugement à Nuremberg, Lancaster qui joue un mélo, une fictionnalisation qui devrait permettre de créer des personnages alors qu'ils sont presque tous aussi fades qu'oubliables (y compris les trois autres prévenus, ou le procureur, promis à prendre de la place et évacués en avouant qu'ils n'ont jamais compté dans le dispositif narratif), une volonté de pathos par des cris et des larmes qui desservent l'ambition de puissance rhétorique du film ; mais on peut avoir le couple soufflé des comparaisons entre une constitution fédérale états-unienne et les textes nazis, entre les camps et les bombes atomiques, entre la responsabilité des juges nazis dans le renforcement des horreurs hitlériennes et celles de toute l'Allemagne, mais aussi de la Russie, du Vatican, de Churchill, des États-Unis, qui très tard signent des pactes, font du commerce, adressent des éloges, et reviennent drapés de vertu après 1944 juger un mal tout à coup absolu et innommable comme s'ils ne lui avaient pas aussi permis d'exister ; et admirer qu'on souligne la libération des condamnés peu après leur procès. C'est un film moral, un film de procès moyen, mais un film politique contenant assez de forces pour être presque immanquable par sa capacité à largement dépasser le cadre nazi.