Jules César n'est pas un péplum. Le pari de Mankiewicz, c'est de concilier le respect de la pièce de Shakespeare, avec les usages hollywoodiens. Artistiquement, c'était - et ça demeure - risqué. Car on peut être complétement imperméable ou désarçonné par un film américain où l'on s'exprime tout du long dans un anglais du XVIIe siècle...
Pour rendre le truc encore moins facile d'accès, le film est intégralement fait en studio (hormis quelques plans d'ensemble vers la fin) et ne prend pas même la peine de le cacher. Mankiewicz réalise, dix ans avant, l'antithèse de ce que sera son Cléopâtre. Ici, pas de reconstitution mégalo. A aucun moment, on a l'impression d'être à Rome. Davantage sur une scène de théâtre épurée (enfin, relativement, on est à Hollywood quand même...).
Ceci dit, pour éviter d'être trop abrupt, Mankiewicz a confié l'interprétation aux très british James Mason et John Gielgud... Respectivement l'un des meilleurs acteurs de tous les temps, et l'un des interprètes de Shakespeare les plus renommés. Et côté américain, il a choisi Marlon Brando pour donner la réplique. Donc question casting, ça va, on limite les risques...
Le climax du film est évidemment le discours de Brutus, et celui de Marc Antoine avec sa longue tirade sur les "honorable men". Le film a d'ailleurs un peu de mal à s'en remettre tant la scène est forte.
Les amateurs de Ridley Scott et de sa Rome pop-corn seront sans doute déçus. Mais à l'arrivée, Jules César reste un des paris dingues de Mankiewicz, et un très grand film.