Les frères/sœurs Wachowski suscitent toujours un intérêt. Découverts il y a des années avec Bound, alors qu'ils étaient dans l'anonymat le plus total, l'association de malfaitrices Jennifer Tilly/Gina Gershon avait bousculé mes références cinématographiques et quelque peu mis à l'épreuve mes pulsions sexuels d'adolescents pré-pubère. Puis Matrix vint élever le niveau et confirmer le talent des deux réalisateurs avec cette trilogie inégale mais néanmoins pleine de surprises. Et depuis, cet intérêt subsiste car lorsqu'on a touché une fois à la grâce, on ne peut ne serait-ce que l'effleurer de nouveau.
Pourtant, Jupiter Ascending, malgré la flamme qu'il semble déclarer à la science-fiction, n'est qu'un divertissement sans âme qui ne se détache pas de ce que le genre a de plus commun. Avec un Channing Tatum affublé d'un bouc et d'une tignasse ridicules, en protecteur d'une Mila Kunis clichée au possible, on assiste impuissant à ce qui s'apparente à un pot-pourri de la SF de ces 20 dernières années. On aurait aimé parler d'hommage mais il aurait fallu pour cela que la qualité soit au rendez-vous. Les enjeux sont bien là avec encore une fois une terre à sauver, mais on reste hermétique à l'histoire qui parait bien trop "grande" pour ce film de 2 heures. Tout va trop vite et les révélations tombent à plat tant elles sentent le réchauffé. On sentait malgré tout quelque chose en fond, une envie de créer un univers qui aurait pu être intéressant si il avait gagné en complexité. Les tenants et les aboutissants sont d'une simplicité enfantine et servent un scénario qui semble avoir été écrit dans la précipitation pour donner un film qui n'a aucune raison d'exister malgré ses scènes d'actions décomplexées.
Bref, ce nouveau Wachowski ressemble au travail bâclé d'un élève doué qui se repose sur ses acquis, conscient que la note de ce devoir ne changera plus rien à son passage en classe supérieure.