Jadis au sommet de la chaîne alimentaire hollywoodienne, les Wachowski ont depuis bien changé, physiquement et artistiquement. En dépit d'un chef-d'œuvre mésestimé (qui garde en lui quelques défauts esthétiques), la filmographie hétéroclite des réalisateurs devenus réalisatrices a sévèrement battu de l'aile. Déterminées à proposer de nouveau un parangon de la science-fiction moderne, elles s'attèlent à un space opera dantesque, une fresque épique où vont se côtoyer enjeux shakespeariens, action démesurée et effets spéciaux à gogo.


Hélas, aujourd'hui coincées dans une mécanique impersonnelle faite d'idées inexploitées, de mise en scène boursouflée et de répliques saugrenues, Lana et Lilly Wachowski ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, incapables de délivrer un long-métrage cohérent dans sa structure narrative, innovant dans sa mise en scène et développé dans la caractérisation ici grossière de ses protagonistes. Jupiter Ascending avait toutes les cartes en main pour s'imposer comme une nouvelle œuvre dantesque de SF doublée d'un film d'action explosif confectionné pour en foutre plein les mirettes.


Malheureusement, pas un seul dialogue ne saura nous emballer, pas un seul acteur ne trouvera son salut, pas une seule séquence ne viendra nous décoller la rétine et — pire encore — s'y graver. On a du mal à croire que les auteurs des Matrix ont pondu ce blockbuster pétaradant mais paradoxalement creux, quelconque et oubliable en dépit de nombreuses qualités inexorablement péremptoires.


De son casting ringard à ses élucubrations science-fictionnelles ratées en passant par son manque évident de scénographie et une identité tout bonnement absente, Jupiter Ascending ressemble à tout et à rien à la fois, enclavé entre une volonté de s'affranchir des franchises actuelles tout en en proposant le même contenu. Pourtant original, généreux et jusqu'au-boutiste, visuellement riche et travaillé voire même parfois épique, le long-métrage n'arrive cependant jamais à concrètement décoller, le scénario enfantin et l'ambition amoindrie des enjeux narratifs en faisant un spectacle tout juste satisfaisant mais immédiatement périssable.

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le 4 févr. 2021

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