La technique est parfaite, mais on n'en attendait pas moins des Wachowski. Il faut préciser que le 3D est absolument remarquable,et la meilleur que j'ai pu voir dans un film jusqu'à présent, chaque plan, ou presque, semblant étudié pour la mettre en valeur.
Et c'est à peut près tout ce qu'il y a de réussi, car même si le visuel est irréprochable, il n'a aucune personnalité. Difficile d'imaginer que là derrière il a les même qui ont fait Matrix ou même Speed Racer.
Les acteurs sont dans la caricature du jeu basique "blockbuster hollywoodien", on y est habitué, mais ça reste un jeu assez poussif. Les personnages n'ont aucune personnalité, à part les méchants, mais comme ils sont 3, il faut bienpouvoir les différenciers. Néanmoins à eux 3 ils cumulent tous les clichés de tous les méchants basiques de l'histoire du cinéma.

Le scénario, quand à lui, est très dense, mais ça ne veux pas dire de qualité. C'est juste qu’il y a énormément de péripéties qu’il faut caser en 2 h, alors que pour la plupart on aurait pu s’en passer tellement leur intérêt est limité voire inexistant au sein d’un récit déjà cousu de fil blanc. A aucun moment vous n'aurez le sentiment de surprise, même la manipulation à laquelle se prête les 3 méchants est désamorcée par le fait qu'on sait très bien qu'ils mentent, donc pas de mystère, pas de surprise, tout est bien balisé, avec des bornes lumineuses et des panneaux clignotant. Et je ne parle même pas du sentiment amoureux qui s'éveille absolument sans raison. Peut-être une simple histoire d'abdominaux saillants, allez savoir. Ah oui. Et il y a un plan cul aussi. Y manquait plus que ça.

Mais alors pourquoi une telle densité scénaristique inutile ? Parfois c'est pour combler le vide (les gardiens de la galaxie), parfois c'est pour assoir une thèse, si si. Car Jupiter, le destin de l'univers (berk ce nom) est un conte à double niveau de lecture, comme l'est Matrix. Etre en chemin balisé, permet au spectateur d'avoir une partie de son esprit libre, car il y aura moins à intégrer, et toutes les (nombreuses) étapes du film servent à appuyer le propos général (je vais y venir). N'avez-vous pas remarqué que le film ressemble à un enchainement de mini structure, avec à chaque fois un climax ? Les wachowski ne voulait pas qu'on rate leur message et l'ont donc appuyé au moins 3 fois dans le film... Avec la rencontre de chaque méchant. N'avez-vous pas remarqué que la petite Jupiter, Russe (c'est essentiel), fait le choix du communautarisme plutôt que de l'individualisme (quand elle fait son choix déterminant vers la fin du film) ? N'avez-vous pas remarqué que les méchants, sont de sombres capitalistes qui pourraient s'entretuer pour le fric, symboles de l'individualisme le plus forcené ne pensant qu'à leurs fesses et symbole du patronat ayant la force d'aliénation ultime de l'humanité ?
Jupiter, est en effet un film clairement communiste, qui dénonce la dictature de l’individualisme, du fric et l’asservissement de l’humanité dans le seul but d’enrichir les puissants. Ainsi, Ce qui, reconnaissons-le, est assez culotté à Hollywood. Il s’agit effectivement d’un ressentit de plus en plus fort dans nos sociétés, et les Wachowski, encore une fois, tentent d’être en phase avec leur temps. Néanmoins rien n’est fait pour pousser à la réflexion, donc c’est du vent. Celà semble être là juste pour créer une empathie avec le spectateur. Il y avait un propos similaire dans Matrix, l'aliénation par la machine, mais celà était proposé de manière plus philosophique, ou diront-nous plutôt de manière plus intime. Le mystère, les non explications et discours abscons nous poussant à nous interroger sur le message, sur notre condition. Dans Jupiter, celà est trop imposé, caricaturé et réduit à quelque chose d'ultra commun pour que celà nous questionne. La preuve, je n'ai lu pour l'instant personne qui avait remarqué ce message clairement marxiste. Je serais bien curieux de savoir combien de spectateurs l'ont remarqué, à mon avis pas beaucoup.

En abandonnant le mystère, l’intangible et la quête de soi qui faisaient la force de matrix, et fait la force des contes en général, il ne reste que le mélange improbable d’un space opera suréaliste aux aliens avec des oreilles rigolotes (si si), mêlé à un univers et un message tellement terre à terre (l'inverse du surréalisme donc), qu’il annihile tout principe de “merveilleux”. Donc ce n'est ni interessant, car trop commun et simpliste, ni fascinant parce qu'il n'y a pas l'émerveillement de l'imaginaire. Le premier star wars était tout aussi cliché, mais avait su créer du merveilleux de par son aspect conte plus flagrant (la princesse à délivrer, univers fantasque) et par le principe de la Force, pouvoir surréaliste ultime. Ici, c'est tout l'inverse, et ça ne fonctionne pas.

Le propos est louable, mais la caricature est si outrancière, qu’il en devient risible, et les scènes d’actions, si elles sont impressionnantes, n’en demeurent pas moins sans grand rebondissements ni enjeux. A trop utiliser les thèmes et les structures intégrées par tous, et sans compenser le sentiment de déjà vu par du mystère ou une certaine introspection de la part du spectateur, il ne reste que les archétypes les plus primaires. Et on se fait chier.
LoicMassaia
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le 6 févr. 2015

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Loïc Massaïa

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