Après le mollasson "Jurassic World" de Colin Trevorrow qui promettait monts et merveilles avec son parc à dinosaures ouvert au public et l'introduction de son terrifiant Indominus Rex, la saga post "Jurassic Park" continue son chemin en confiant les rênes de la suite à Juan Antonio Bayona, solide artisan géniteur de la petite bombe horrifique "L'Orphelinat".
"Jurassic World : Fallen Kingdom" se situe quelques années après la destruction du parc et suit quasiment le même schéma scénaristique que "Le Monde Perdu". A savoir, un retour sur une île devenue sauvage, un enlèvement de dinosaures par des successeurs mal intentionnés des créateurs du parc (ici, il s'agit d'un proche de John Hammond qui apparaît sans crier gare au bout de 5 épisodes) et une fuite de dinosaures en milieu urbain qui voit le rêve mercantile des bad guys prendre l'eau. Dans la forme, on discerne peu d'originalité. Pire, certaines ficelles scénaristiques sont d'une grossièreté effarante (la genèse de l'Indoraptor, la transformation de l'arriviste adepte du spectacle de dinosaure en défenseure acharnée des animaux sans aucune transition...) ou très mal exploitées (intéressant d'étendre le concept de génétique mais pas aussi succinctement).
Pourtant, dans tout ce maelstrom scénaristique, Bayona a décidé d'en mettre plein la vue aux spectateurs avec une mise en scène, un rythme et un sens du spectacle qui démarquent totalement cet épisode du reste de la saga.
Orgie d'iconisations de dinosaures (même au bout de 3 visionnages, on a toujours la gorge serrée d'émotion devant ce diplodocus qui s'embrase au loin dans un nuage de feu et de poussière), multiplication des jeux d'ombres et de lumières qui fait verser le récit dans une horreur bienvenue quand on dispose de créatures aussi cauchemardesques, exploitation des espaces ultra-ingénieuse, plan-séquence renversant dans une fuite qui fait basculer le film de dinosaures en film catastrophe, ... Ce "Fallen Kingdom" est un régal pour les yeux et les sens et se permet même quelques hommages discrets aux films antérieurs sans toutefois sortir les gros sabots du "vous avez vu, c'est comme dans le premier".
La fin du film se permet même un basculement dans l'horreur gothique en exploitant au mieux son unité de lieu, un manoir de l'horreur qui rappelle le côté gothique d'un "Nosferatu" et techno d'un "Resident Evil".
Le film de Bayona est un festin gourmand, et certes parfois un peu indigeste, de grand spectacle. La suite replongera la saga dans un grand n'importe quoi en ayant le mauvais goût de faire revenir derrière la caméra Colin Trevorrow.