Mark Powell est psychiatre, et un curieux patient lui est confié : un homme se dénommant Prot prétend venir de la planète K-PAX. Loin des contradictions coutumières des délirants, le discours de Prot est au contraire bluffant de cohérence. Par ailleurs, ses connaissances en astronomie rivalisent avec celles des plus grands savants du pays. Mais Mark est bien décidé à dénicher le traumatisme qui a construit la personnalité fictive de ce malade.
Iain Softley est un modeste réalisateur (auteur ultérieur de Cœur d’Encre). Il signe ici un petit film qui repose sur l’ambiguïté de son scénario ainsi que sur la renommée de Kevin Spacey.
Le casting contribue beaucoup à la qualité de cette œuvre. Jeff Bridges est un gros ours énergique qui campe ici un psychiatre posé et plus dévoué à ses malades qu’à sa famille. Son personnage lui va comme un gant et fait oublier son imposante carrure. Kevin Spacey utilise à la perfection sa caractéristique première, à savoir l’ambiguïté. Il pose sur tout un regard à première vue innocent, calme et finalement assez critique. Ses expressions de parent patient face à des gamins sont particulièrement bien trouvées. Le reste du casting est bon, avec un beau travail du côté des maladies mentales.
L’histoire, bien que classique, est très bien narrée. L’idée de départ est un poil tirée par les cheveux (un extraterrestre qui clame qu’il vient d’une autre planète au lieu de faire profil bas), mais son développement et surtout ses rebondissements sont excellents. Il est également remarquable de voir des éléments de spiritualité avancés par Prot qui rappellent La belle verte. Toutefois, l’injection de drame vers la fin est malheureuse et casse la bonne humeur que dégageait l’œuvre jusque-là. En effet, les découvertes de l’enquête sur Prot dynamitent complètement tout ce qui a été échafaudé durant le film et rendent l’ensemble caduc.
Ami lecteur, ne lis ce spoil que si tu as vu le film.
Si Prot est dans le corps de Robert Porter, comment ce dernier le connaît et l’a appelé ? Pourquoi être venu après le drame pour habiter son corps et faire du tourisme ? Et surtout, pourquoi repartir sans lui, en l’abandonnant aux traitements humains archaïques alors qu’il emporte Bess sur sa planète ? Enfin, s’il habite un corps existant, comment fait-il pour être sensible à la lumière ainsi qu’aux ultraviolets que la rétine humaine ne peut physiquement pas percevoir ?
À vouloir trop en faire, le film se casse la figure et c’est très dommage. L’idée de départ était bonne, tout comme son développement, mais la fin est mauvaise. On reste d’autant plus sur sa faim que le spectateur ne saura pas grand-chose de ce qui s’est vraiment passé et surtout sur les motivations de Prot. C’est très regrettable, car ça gâche une belle histoire.
K-PAX est un film avec de solides qualités, mais dont la fin est ratée. Ce genre d’histoire est, certes, toujours difficile à terminer, mais ici Iain Softley se gauffre. C’est vraiment désolant et cela donne envie d’un remake avec une fin plus intelligente.