Comme pas mal de monde, j'ai beaucoup apprécié la série Kaamelott et ses deux visages comique et dramatique, parfois incompatibles quand on voit certaines scènes des quatre premiers livres comparés aux V et VI, mais très sympas dans les deux cas.
J'ai un peu plus de mal avec son créateur, Alexandre Astier. Sans être un hater, je le trouve à l'image de son personnage principal. Il a quelque chose de surcoté et de surfait, singeant une humilité qui ne se traduit pas dans ses actes ou sa façon d'être.
Au-delà de ça, Kaamelott a selon moi une particularité : diffusée sur M6 dans les années 2000, surfant sur la popularité de la fantasy grand public d'alors, la série a été encensée par les métalleux joueurs de WoW buveurs de bière à l'hygiène douteuse. Elle s'adresse donc je dirais, à la base et malgré elle, à un public plutôt masculin, plutôt prolo/classe moyenne de province. Ce qu'Al Astier n'est pas. Al Astier est un artiste des grandes villes.
Ainsi donc, après la fin tragique et pleine d'espoir du livre VI (2009), on pouvait fantasmer un blockbuster de fantasy français à la sauce Kaamelott. De sombres histoires de droits n'ont cependant eu de cesse de reporter le projet. Le temps a passé, les acteurs ont vieilli, Astier a mariné dans la sauce bobo-parisienne des années 2010.
L'histoire par ailleurs ne pouvait plus être la même. Si la fin du livre VI teasait le retour triomphant et épique d'un roi ayant vaincu ses démons - un retour à la Simba, à la Monte-Cristo, prêt à niquer des mères au sens littéral comme figuré après avoir été au fond du rouleau -, il s'est finalement écoulé plus d'une décennie avant que ce retour ne puisse être raconté (avec les pieds).
Bref, je ne ferai pas ici la critique du premier volet (2021), d'autant que j'en ai oublié la majeure partie. Je ne dirai que ceci : c'était un téléfilm de luxe. Et ce second opus est du même calibre, peut-être en pire.
Tout d'abord, Astier nous refait le coup du Arthur dépressif qui ne veut pas assumer son rôle : on tourne en rond depuis plus de 15 ans (!). Ca n'empêche pas le bonhomme, pourtant suicidaire, de s'inquiéter de tentatives d'assassinat à son encontre et d'envoyer des espions pour se protéger, visiblement.
Ensuite, le casting pléthorique est globalement mal dirigé, ou juste mauvais. On se fout de ces personnages trop nombreux dont on ne retient même pas les noms. En particulier, les jeunes recrues introduites dans le premier volet déclament leur texte comme des intermittents du spectacle sous coke. Ils ne sont pas les seuls, mais ce sont les pires. Ca gueule, ça gueule, des phrases improbables et surjouées, là où la série se riait de ce type de comportements et créait ainsi un effet comique. Ici c'est totalement assumé, les personnages sont des espèces de grandes gueules qui parlent comme dans une pièce de théâtre qu'on nous forçait à lire en 5ème. Voire à jouer, et ça n'aurait pas été moins bien joué que dans ce film.
En gros, KV2P1 est une mauvaise pièce de théâtre filmée en extérieur.
En termes de relations entre les personnages, on retrouve là aussi le point noir du premier film, à savoir le néant absolu si ce n'est entre Arthur et Guenièvre. J'ai encore en travers de la gorge les retrouvailles sans saveur aucune entre Léodagan et Arthur dans KV1 ; il me semble qu'il n'y avait même pas eu une scène dédiée à ces deux vieux compagnons d'armes qui ont partagé d'innombrables repas potaches avant que le royaume ne se casse la gueule.
Enfin, certains choix de mise en scène sont effarants. Outre la musique passable d'Astier, la photographie est parfois de très mauvais goût, ainsi que certains costumes. L'enchaînement des scènes est indigeste, et la fin arrive sans aucun panache, sans aucune tension. Le film est littéralement coupé sans aucun style, aucune classe.
On notera au passage l'absence d'Anouk Grinberg dans le rôle de la belle-soeur d'Arthur et femme de Loth, remplacée par Virginie Ledoyen. On ne sait pas pourquoi. De ce que je vois, elle reproche des choses à feu ce gros porc de Bertrand Blier, dont Astier est fan.
Il y a aussi eu le drama relatif à l'absence de Perceval (dont on se fout, ça ne change rien au film). L'acteur a insisté pour lire le scénario (ce qui me semble normal), puis a dit "ah non je n'viens pas". Euh, ok ?
Un point positif pour terminer : certaines scènes, trop peu nombreuses, m'ont rappelé les sketchs des temps jadis, lorsque Kaamelott était une œuvre globalement colorée et réconfortante, accessible, bien foutue, bien jouée, intelligente mais sans trop se prendre au sérieux, faite pour le public et pas pour un entre-soi d'artistes perchés qui donnent des cours dans des MJC entre deux manifs et soirées de post-étudiants assistés.