Kaamelott 1er volet était un film, dira t-on, compact.
Autosuffisant et pourvu d'une intrigue (très/trop) simple et lisible. A l'image de la poétique d'Aristote avec ses trois actes, c'est une œuvre à part entière... mais la substance en moins...
Car en effet, s'il on se réfère à cette traductibilité, ici en l'occurrence trop grande, KV1 demeurait aussi un film extrêmement classique à défaut d'honorer les promesses de son auteur en proposant de grandes surprises et un spectacle de très haute volée.
S'il on fait fit de quelques jolies scènes porteuses de beaux messages (les burgondes avec leurs talents musicaux, Guenièvre à la tour) le film ne proposait qu'une simpliste fable fataliste sur le retour d'un roi désœuvré vers la reprise de son château... On a vu plus original et surprenant.
Mais alors, qu'en est il de KV2 ?
Parmi les reproches qui lui sont imputés par la grande majorité du public, je n'en validerais qu'un, en tenant compte du fait que cette fois Mr. Astier a pris soin de nous en prévenir bien avant que l'estampe "partie 1" n'apparaisse avec les affiches officielles.
Ce n'est qu'un (GRAND) demi film.
Une réalité irréfutée et irréfutable auquel le public refuse catégoriquement d'adhérer, surtout en voyant défiler sous ses yeux un générique intrusif au beau milieu d'une scène intrigante dont la résolution ne paraitra pas avant une grosse année d'attente. Du moins, pour ceux qui n'ont pas encore quitter le navire et les très rares comme moi qui auraient même tendance à s'y sentir mieux !
Maintenant, passons aux arguments du fond des latrines.
Parlons donc de la très grande majorité des très grands insatisfaits, qui, sous l'effet de la frustration, sont capables d'une mauvaise foi... comme nulle autre pareille.
Pour en citer quelques uns :
"Il ne se passe rien dans ce film / c'est vide / c'est creux / c'est inintéressant"
Je comprends leur frustration car je la partage, le fait que cette dernière habite des youtubeurs cinéphiles de premier plan n'est pas moins entendable non plus. Mais dans leur condition, il est vraiment malvenu de dire n'importe quoi et pire encore, quand cela implique de propager des informations fallacieuses susceptibles de nuire injustement à la réputation du film et la perspective d'autres avis par un public devenu réfractaire
D'une certaine façon et en dépit de sa structure narrative cohérente et simple, KV1, lui, était assez vide et pauvre. Celui ci ci, on pouvait presque lui imputer décemment les derniers défauts susmentionnés.
KV2.1 se soucis moins des standards cinématographiques classiques, donc, il perd un peu en lisibilité et offre des moments parfois étranges, insolites et à quelques rares moments, un peu poussifs et même très déstabilisants.
Mais là où il surclasse selon moi grandement son prédécesseur... et bien, c'est justement dans sa densité et l'effet de surprise tant attendu.
Nous avons notamment une thématique centrale bien plus élaborée basée sur "l'appel à l'aventure" et je compte bien revenir sous peu sur ce point crucial.
Mais, le plus notable et le plus important (et ce qu'on était en droit d'attendre du 1) c'est l'extension du "lore" Kaamelott.
Certains rouages du royaume de Logres, le mode de fonctionnement de ses composantes mystiques, l'inexorable réalisation des prophéties et la réalisation de certains personnages.
Tout ceci s'esquisse doucement et ce d'une manière plutôt séduisante.
Les quelques créatures du films qui, au passage, pètent bien la classe, mais aussi la profusion de nouveaux décors grandioses et bien sûr, les interventions divines toujours plus révélatrices et porteuses de sens.
Tous cela nous donne le sentiment d'enfin appartenir à un monde codifié (au demeurant mystérieux, certes ) mais dont les mécaniques commencent enfin à se dessiner pour mieux nous offrir la promesse d'une saga cinématographique affirmée.
Pour revenir sur les reproches infondés et le premier point abordé, il faut savoir qu'un film n'est pas qu'une intrigue, certains s'en passe même très bien !
Combien d'œuvres ne sont que des tranches de vie ou de simples leçons de morales sur leur sens ?
Pour moi, KV2 c'est un peu ça en plus d'être du pure kaamelott avec des personnages hauts en couleurs et leurs dialogues ciselés.
Comme j'en ai vaguement parlé plus haut, c'est un film dont la proposition est justement un questionnement sur le sens de l'aventure et le détachement du statut sociale qu'elle implique.
Le magnifique discours d'Arthur au premier tiers du métrage en dit suffisamment à ce sujet.
On ne parle pas de quelque chose de concret comme la résolution spectaculaire et glorieuse d'un enjeu, mais bien d'une belle virée vers son éventualité .. peut être même l'inconnu, voir, l'échec cuisant plus que probable.
Un moment de rêverie et d'espoir prétexte à levé le cul de son lit... Un moment de candeur qui nous amène de façon littérale à ce qui nous est joliment proposé par not' bon roi comme une métaphore...
Soyons donc ces gamins joueurs qui franchissent un ruisseaux pour se sentir finalement conquérants et rois.. Loin d'autres considérations comme des titres, des actes de propriétés ou un quelconque attribut légitimant.
En ce sens, j'ose dire que KV2, aussi incomplet qu'il soit et nébuleux dans bon nombre de ses arcs narratifs demeure un film bien plus riche et paradoxalement plus complet que kV1 !
Mieux vaut selon moi un film à un acte et demi dense et intriguant qu'un film à trois actes qui assure le minimum syndical pour nous livrer ni plus ni moins que ce à quoi on devait s'attendre.
En bref, un film déstabilisant et parfois désappointant, mais une fort belle expérience qui, je le pense, promet un bel avenir pour la suite.