Ni déçu, ni surpris, mais content !

Si l'attente a été longue, à tel point que je n'attendais plus ce film autant que je l'aurais dû, qui plus est parce que je m'étais refait l'intégrale de la série l'année dernière, juste avant le report à 2021, ce qui a émoussé mon excitation... Je ne savais plus quoi attendre de ce KV1, ni dans le ton, ni dans le propos exact, tellement on s'était éloigné de la fin de la série avec le temps... Mais je suis entré dedans avec confiance, car nous sommes entre de bonnes mains, celles d'Alexandre Astier.

Force est de constater que ce film ne déçoit pas (pas moi en tout cas), mais ne surprend pas non plus. M. Astier nous offre du Kaamelott comme on le connaissait, et ça fait plaisir ! L'humour est toujours bien présent, tout comme le ton sérieux qu'il avait insufflé dans les deux derniers livres. Un équilibre parfois délicat à atteindre entre ces deux tons bien distincts, et qui donne lieu à des contrastes très marqués lors de certaines scènes.

Exemple sans spoil : la différence de ton entre la scène du "jeu de balle" et la scène qui suit immédiatement après.

Néanmoins, l'exercice est maîtrisé et ne fait jamais tache. C'est même ce qui fait assez souvent mouche : le désamorçage d'une action ou d'un dialogue un peu épique ou intelligent par une connerie Kaamelottienne. On prend plaisir à découvrir de nouvelles bêtises dites ou faites par un tel ou un tel, tout comme de ressentir quelques petits frissons lors de l'évocation visuelle ou dans les dialogues d'un personnage particulier. Le fait de balancer entre ces deux "mondes" permet de ne jamais s'ennuyer, et probablement de contenter un peu tout le monde aussi !

J'ai vraiment eu l'impression d'assister au Livre VII, tout s'est fait très naturellement à l'écran, comme s'il n'y avait pas dix ans entre la fin de la série et le début du film.

Côté personnages, on nous les sert tel qu'on les connaît aussi. Si cela a tout pour plaire, il faut donc noter que dix ans ont passé depuis la fin de la série, tant dans la réalité que dans l'histoire elle-même. Si le temps a ainsi marqué physiquement nos héros, ils n'ont que peu changé dans l'esprit, oserai-je même dire qu'ils n'ont pas évolué ? C'est à la fois une sorte de qualité puisqu'on retrouve parfaitement les caractères que l'on appréciait (ou pas), et une faiblesse car l'on peut y voir du "réchauffé". Je suis plutôt magnanime sur ce point, j'ai énormément apprécié de retrouver tout le monde et de voir que la patte Kaamelott est toujours là dans les dialogues et l'esprit des personnages.

Le film balance entre nouveautés et terrains connus, et ainsi apparaissent de nouvelles têtes, que ce soit par le biais d'acteurs connus ou non. L'intégration de ces personnages se fait de façon assez naturelle et sans paraître sortir de nulle part, c'est appréciable. Leurs rôles sont plus ou moins importants, sans jamais empiéter sur les héros principaux. Dans tous les cas, il y a tellement de monde dans ce film qu'il est difficile pour les personnages d'avoir une présence trop envahissante.

J'ai essentiellement UN bémol du côté des personnages : Lancelot.

Ce film est, tout comme la série originale, davantage une histoire de fond que de forme. Si les moyens sont là et que cela se voit, ce sont toujours les dialogues et le récit qui sont au cœur de Kaamelott. Alexandre Astier a su se faire plaisir avec les moyens étendus dont il a disposé sur ce film, mais il est tout de même resté fidèle à ce qui faisait le jus de cette œuvre. Je trouve que c'est un assez bon tour de force.

Il n'y a donc à mes yeux pas de fausse note dans KV1, mais il me manque un réel renouveau pour lui attribuer une note supérieure comme j'aurais aimé le faire. De même, je n'ai pas ressenti beaucoup de souffle épique, bien qu'il y ait matière à en faire. Quelques passages parviennent à débuter quelque chose, généralement tout en douceur et évocation visuelle via un plan spécifique, mais assez peu dans l'action. Ça n'a jamais été le fer de lance de la série, ça ne l'est pas bien davantage ici. Le peu de combats que l'on peut voir, si les moyens sont là pour les mettre en œuvre, ne font pas passer de véritable émotion visuelle ni même ressentir une expérience grandiose. On ne les vit pas pour leur mise en scène extrêmement poussée ou leur caractère impressionnant mais davantage pour leur signification intrinsèque. Cela rejoint ce que je viens de dire : ce qui fonctionne, c'est davantage la symbolique derrière l'action que sa mise en forme.

Tout n'est cependant pas resté au format "télévisuel" dans ce film : les moyens sont là, ça se voit, notamment dans les décors, les costumes et la caméra. Des effets visuels bien plus soignés et parfois impressionnants permettent également de nous faire comprendre qu'on a passé un nouveau cap. On voit aussi de l'action réelle, cette fois, et de la mise en scène concrète pour dérouler cette action à l'image, là où les choses n'étaient quasiment jamais montrées dans la série, faute de moyens.
On n'est pas sur un Kaamelott format télé, mais pas non plus sur un blockbuster à coups de dizaines de millions. L'équilibre est bon, je n'en demandais pas davantage. On voyage beaucoup, le film respire assez bien, il nous fait ressentir de la fraîcheur malgré l'absence relative de nouveauté. Astier se donne les moyens dont il a besoin, pas davantage. Pas de superflu, juste le nécessaire.

C'est propre, relativement équilibré, même si je trouve un sens du rythme assez inégal. Que ce soit à cause des balancements fréquents humour/sérieux ou à cause d'un récit qui s'attarde parfois sur des scènes un peu longues pour pas grand-chose (ce qui faisait souvent l'essence de Kaamelott ?), il y a en tout cas un rythme qui aurait pu être un peu plus soigné.
L'intrigue se déroule aussi de façon un poil trop convenue à mon goût. Comme je l'ai dit en début de ce paragraphe, le film est propre, mais l'intrigue est presque trop propre, justement. Tout se passe à peu près comme on aurait pu l'attendre ou sans grosse surprise, et même si les lieux varient, que les personnages vont et viennent en nombre, que le tout est assez dynamique, il n'y a jamais rien d'extrêmement nouveau ou original, rien qui fasse sauter de son siège, pas de révélation surprenante. Rien de bien grave, j'ai quand même été happé par le film du début à la fin, et c'est plutôt bon signe !

Concernant la BO, je l'ai assez bien appréciée dans l’œuvre, mais elle méritera une écoute séparée pour en juger vraiment. Elle remplit bien son rôle, en tout cas, c'est l'essentiel.

Une chose que je retiens de ce film, en revanche, et que j'ai noté assez facilement mais avec grand plaisir, c'est qu'Alexandre Astier a su insuffler des thématiques chères à son cœur, qui ne sont pas nécessairement nouvelles dans Kaamelott, mais qu'il a pu exploiter avec brio, je trouve.

Je dirais enfin, pour clore cette critique un peu décousue, que l'humour présenté ici, et qui ne diffère pas de celui de la série, est intelligent. Il ne fait pas rire pour se moquer d'un tel ou d'un autre, pour politiser ceci ou cela, mais il fait rire parce qu'il est con, qu'il s'appuie sur des situations décalées, des personnages inadaptés à leur environnement, et sans paraître forcé. Un humour simple et naturel.

Pas besoin de moyens gargantuesques pour faire un bon film, il faut surtout un créateur sincère, et je pense que c'est l'essentiel. Sur ce point, Kaamelott : Premier volet est réussi. Souhaitons-lui le succès nécessaire à la réalisation des deux épisodes suivants, car j'ai bien envie de connaître la conclusion !