Scène d'intro, un homme vêtu d'un vague costume de super-héros – cape exigée – saute d'un immeuble gigantesque. Tout le monde a les yeux rivés sur lui. Tout le monde pense qu'il va réussir l'improbable exploit, celui de s'envoler. Bien évidemment, il s'écrase comme une bouse sur une bagnole. Allez, je rigole un peu. Ca commence assez bien. Ce que je ne sais pas encore hélas, c'est que cette scène ne va que trop bien résumer l'impression que m'a laissé Kick-Ass.

Partant d'un synopsis plutôt marrant (un geek lambda décide un jour de devenir un super-héros parce que ce serait quand même franchement cool, et un peu aussi parce que ça lui permettrait de sortir avec la plus belle fille du lycée), Kick-Ass ne fut pas le coup de pied au cul auquel je m'attendais. J'ai souri, beaucoup, rigolé, parfois, été ébloui, jamais. La sauce n'a pas réussi à prendre ; à chaque fois que je commençais à me dire que ça devenait franchement plutôt bien, il fallait que le film s'obstine à m'agacer, soit à cause d'une scène mal branlée renvoyant des relents de fan-service, soit à cause d'une simple faiblesse scénaristique de rien du tout mais suffisamment évidente pour que ça me fasse tiquer. Dans l'un ou l'autre des cas, j'avais la désagréable impression d'être pris pour un con, ce qui n'est jamais bon signe.

Pourtant, des qualités, Kick-Ass en a. Un casting génial sur le papier, une ambiance propice à la déconnade qui contraste de manière très rafraîchissante avec la gravité des films de super-héros de ces dernières années, des trouvailles et des gags quand même sincèrement drôles... Malheureusement, pour moi, ça ne va pas beaucoup plus loin. Ni les mignonneries de Chloe Moretz, ni la coiffure de Nicolas Cage ne changeront quoi que ce soit à la déception que je sentais de plus en plus poindre au fil du visionnage.

Tiens d'ailleurs, parlons d'eux. Voir Nicolas Cage en super papounet aux airs vaguement Batmaniens, ça pouvait être qu'énorme, me disais-je. Mais voilà, la surprise passée, on s'en fout un peu en fait. J'veux dire, c'est Nicolas Cage, on le voit partout Nicolas Cage, et là dans le film manque de bol il se contente juste de faire du Nicolas Cage, ce savant mélange de cabotinage contrôlé et de fadasserie ostentatoire. Concernant Moretz je n'ai pas grand-chose à dire, elle fait son taf de gamine survoltée et qu'il faut pas trop chercher, même si bon ça casse pas trois pattes à un canard non plus hein, donc j'aimerais qu'on m'explique pourquoi elle a 179 J'AIME SUR SENSCRITIQUE !!! NON MAIS ATTENDEZ MÊME DANIEL DAY LEWIS A GENRE 60 J'AIME DE MOINS, OUATE ZE PHOQUE QUOI !!!
Mais enfin, globalement, le casting c'est du tout bon, on sent que Aaron Taylor-Johnson et Christoper Mintz-Plasse (putain mais les mecs, comment vous voulez faire une carrière durable avec des noms pas possibles comme ça ?!) se marrent bien dans leurs rôles respectifs de super zéros. Seul reproche, le vilain, aussi charismatique qu'une huître anémique et n'ayant rien de super à part sa nullité absolue.

Quand ce cher Le Yéti intitulait sa critique de Kick-Ass de manière un peu provocante « Tarantino pour les tous petits », il n'avait vraiment pas tord. On retrouve ce même décalage un peu foufou dans la mise en scène et les situations. Un décalage pas toujours très bien exécuté dans Kick-Ass malheureusement, lorgnant entre un joyeux salmigondis assumé et une volonté trop marquée de faire plaisir au fan de comics positionné derrière son écran. Ca donne quelque chose d'ostensiblement foireux, comme si le réal' nous faisait coucou de la main en nous disant « wouhou r'gardez je dirige mon film comme un ouf on s'prend trop pas au sérieux c'est la fêteuuuh ! ». Ca passe mal.

Plus mon intérêt pour le film s'amenuisait et moins je devenais indulgent avec ce dernier dès qu'il tentait de s'éloigner un peu de la réalité pour chatouiller le monde de l'improbable, tout ça dans l'optique de faire rire. Un exemple qui me vient tout de suite en tête, c'est la scène où le méchant meurt. Genre le héros, pour sauver Hit Girl qui est en train de se faire sauvagement étrangler par le méchant, va tirer au lance-roquettes sur lui, roquette qui va comme de par hasard le propulser par-delà l'immeuble où tout ce beau monde se trouvait et exploser quelques centaines de mètres plus loin. Bien sûr connard, t'avais juste une chance sur un million que ça se produise et pas que la roquette explose sans préavis au moment de l'impact et réduise en charpie la fille avec, mais admettons. JE SAIS, c'est une comédie, JE SAIS, c'est un film de super-héros, JE SAIS, le film ne se prend pas au sérieux, mais trop c'est trop. Et y avait trop de trop en l'espace d'1h43.

Pour finir j'aimerais parler de la bande-son. Bon sang les gars, vous m'avez bien eu. Faire passer un collage musical niveau 5ème pour de la bonne soundtrack, il fallait oser. Foutre des morceaux que tout le monde aime bien sur des séquences vite fait adéquates, c'est tellement facile comme procédé... Ca peut donner l'illusion l'espace d'un instant que ce qui se passe à l'écran est énorme, que le mélange est détonant mais que nenni, c'est juste un produit bâtard aseptisé. Non, passer Bad Reputation quand la petite fille fait un carnage ou des chants religieux au moment où on sort la grosse mitrailleuse n'a rien d'incroyable, c'est juste ringard. Réveillez-vous.

Si la tentative était louable, le résultat me laisse sérieusement dubitatif. Le film de super-héros comique à très certainement de l'avenir devant lui mais ce n'est en tout cas pas Kick-Ass qui m'en a donné la certitude absolue. Si l'on doit en venir à sacrifier le bon goût sur l'autel de la déconne pour justifier le côté non-prise de tête du schmilblick, alors ce sera sans moi. Reste un film qui se suit sans réel déplaisir mais qui n'atteint jamais des sommets non plus. Dommage.
Boba
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le 15 déc. 2013

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