« With no power comes no responsibility, except... That wasn't true. » KICK ASS

On se souvient, que milieu des années 2000, le studio de production 20th Century Fox propose au réalisateur britannique Matthew Vaughn de clore la trilogie X-Men de Bryan Singer. Le cinéaste avait refusé, jugeant qu’il n’avait pas encore les épaules assez solides.

En 2010, Matthew Vaughn passe enfin aux super-héros, mais avec un projet moins exposé : l’adaptation de la série de comics Kick Ass de Mark Millar et John Romita Jr.. Les droits du comics sont achetés pour une adaptation cinématographique avant même la parution du premier tome. Mark Millar rencontre le réalisateur Matthew Vaughn pour parler du projet et veut s’impliquer dans le film où il officie notamment comme producteur.

Mark Millar s'est extrêmement impliqué tout le long de la production du film, refusant que les choix de montage, par exemple, soient faits plus pour des questions économiques que pour la qualité du film en elle-même. Il a ainsi refusé de rendre le film moins violent ou moins vulgaire considérant que cela faisait partie de l'essence même de l'histoire.

Matthew Vaughn et Jane Goldman (qui a déjà travaillé avec Vaughn sur Stardust) n’échappent pas tout à fait à la tradition du copié / collé qui hante depuis quelques années le cinéma de genre dès lors qu’il s’agit d’adapter un comics. La lecture de l’œuvre de Mark Millar et la vision du film de Matthew Vaughn prouveront que là encore, le réalisateur et la scénariste ne savent pas totalement s’affranchir de son modèle et livre une adaptation fidèle et satisfaisante pour qui veut absolument vérifier que le cahier des charges est bien rempli (les deux gros changements résident dans la relation entre Kick Ass et la fille ainsi que les motivations réels de Big Daddy).

Les scénaristes ont quand même réussi un pari audacieux : adapter un comics difficile, certes pas autant portée sur la réflexion politique et sociale que ceux de Alan Moore, mais qui recèle en elle une réflexion sur les comics en tant que genre et sur les problèmes d’identité du super-héros. Ils réussissent à installer une dualité rarement vue dans un film de super-héros : la vie réaliste, en trois dimensions, de ses protagonistes, et la vie en deux dimensions, irréaliste, des héros masqués sortis des pages d’un comics.

Le film ne serait pas ce divertissement à la fois si léger et si violent sans ses personnages hauts en couleurs. Savoir que le créateur du comics est de la partie est plutôt rassurant, il est garant d’une certaine cohérence quand bien même ils ne sont que producteurs exécutifs. Le choix des acteurs, des costumes, les dialogues, le déroulement de l’intrigue, la variété des situations et l’évolution du personnage de Dave, et même la morale, tout ou presque apparaît comme judicieux.

Aaron Taylor-Johnson est impeccable dans la peau de ce looser magnifique, déterminé à combattre le crime et pourtant si mal préparé. Son costume de plongée / justicier est impayable, on ne peut mieux assorti à ses Timberland. Ou pas. Vu sa dégaine, pas étonnant qu’il ne prenne pas l’eau.

Chloë Grace Moretz est toute mignonne en Hit Girl, c’est le personnage de l’histoire. Les séquences d’action où elle apparaît sont totalement jubilatoires et chorégraphiées avec talent. On pourra toujours critiquer son jeu parfois approximatif, mais après tout, se lance t-on dans le visionnage d’un tel film pour assister à une performance d’actrice (de 12 ans à peine) inoubliable ? J’en doute. Nicolas Cage est impeccable en papa poule justicier.

On retrouve Mark Strong qui endosse une fois encore son costume de bad guy pour notre plus grand plaisir. Mais aussi, Christopher Mintz-Plasse dans un rôle un peu plus en retrait d’apprenti super-héros prêt à tout pour faire plaisir à son papa (comme Hit Girl finalement).

Sur le plan technique, Matthew Vaughn fait fort. A quelques effets près, c’est le sans-faute. Afin de s’en convaincre, il suffit de décortiquer une paire de séquences, comme celle de l’entrepôt avec Big Daddy, à base de cut ultra précis, ou encore l’incroyable jeu de lumières lors de l’une des interventions musclées de Hit Girl (sans parler du final, tout en excès). Ces scènes d’action sont d’autant plus réussies qu’elles sont accompagnées de musiques de circonstance.

Le travail au niveau sonore s’avère impeccable, la musique jouant un rôle primordial quant à la grande efficacité de l’ensemble grâce à un choix de pièces toujours appropriées, empruntées à des artistes aussi variés que The Prodigy, The Dickies, Elvis Presley et Mozart. Il s’agit également d’un domaine où le film prouve une fois de plus toute sa perspicacité, utilisant toujours ses citations avec une intention bien définie.

Kick Ass est au final un mélange unique entre violence au réalisme cru (tous les passages mettant en scène le héros, qui se prend raclée sur raclée, toutes plus douloureuses les unes que les autres, sans complaisance) et action débridé façon Hollywood (toutes les scènes où Hit Girl sort les griffes). Le parallèle entre pur fantasme de geek et réalité crue est saisissant. Et même si le personnage se cherche au travers d'une certaine forme de violence, celle-ci n'est jamais glorifiée, bien au contraire.

StevenBen
8
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le 6 janv. 2024

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Steven Benard

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