La vengeance est un plat qui ne se mange pas.

Quatre ans après qu’une bande de tueurs ait transformé son mariage en bain de sang, une femme (Uma Thurman), elle-même ancienne tueuse, traque les membres de la bande un à un pour leur faire payer ce qu’ils lui ont fait…


Le cinéma de Tarantino, un des réalisateurs les plus surestimés de notre époque, n’étant pas vraiment réputé pour son intelligence et sa réflexion, il aurait été étonnant de trouver en Kill Bill un film particulièrement profond et renversant. Enfin, il faut dire que dans le registre du film sans cervelle, avec des membres coupés dans tous les sens, des geysers de sang, et autres massacres où plus il y a d'hémoglobine, mieux Quentin se sent, Kill Bill est effectivement un chef-d'oeuvre...
Complaisant, grandiloquent, boursouflé, raté, pathétique sont décidément les seuls mots qui me viennent à l'esprit pour qualifier un tel film. Et c'est dommage, parce qu'il en possède, des qualités ! Mais elles se comptent sur les doigts de la main. Le premier quart d'heure du film m'a vraiment mis en confiance: drôle, rythmé, bien filmé, etc... J'ai réellement cru que j'allais pouvoir aimer ce film. Las ! Monsieur Tarantino se rattrape vite, en enlevant tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à de l'humour dans la suite du film. Cela dit, c'est vrai que la mise en scène reste souvent virtuose, quoique beaucoup trop tape-à-l'oeil (une utilisation du noir et blanc qui m'a paru tout, sauf pertinente), et la musique, qui tombe presque toujours bien, aurait mérité un bien meilleur support.
Le scénario, lui, tout comme la cohérence, est aux abonnés absents. Fini le réalisme qui faisait l'intérêt (relatif) des premiers films de Tarantino (Reservoir Dogs, Pulp Fiction), place à la grandiloquence ! Ce qui signifie que tous les effets sont toujours soulignés avec une lourdeur que même Luc Besson hésiterait à mettre dans ses films: jeux de regards qui s'éternisent, réflexions à deux balles sorties de l'imagination d'un dialoguiste en panne d'inspiration... Si l'héroïne du film avait préféré l'efficacité au style,elle aurait beaucoup moins souffert, et, il est vrai, Kill Bill aurait pu ne durer qu'un quart d'heure (ce qui aurait sans doute concouru à augmenter sensiblement sa qualité)...
Oui, parce que le scénario, lui, tiendrait sur un timbre-poste. Il tient d'ailleurs en un seul mot: Vengeance. Ah non ! C'est un peu court, jeune homme ! Pourtant, le Quentin préfère s'en tenir là. Une femme se venge, et pour cela, elle décapite, mord, étripe, arrache les yeux, etc... Cette fascination du public pour l'abject et le sordide n'a décidément pas fini de m'impressionner. Bien sûr, les combats sont pour la plupart très bien chorégraphiés: cela ne les empêche pas d'être d'un ridicule achevé ! Ils sont à ce point dénués d'humour et de second degré, que c'en est effrayant de voir jusqu'où on peut pousser la grandiloquence.
Quant aux personnages, on a encore oublié de nous les rendre attachants... Uma Thurman est juste une machine à tuer sans coeur ni cervelle (elle essaye de nous faire croire le contraire dans le premier quart d'heure sympathique que j'ai mentionné plus haut, mais c'est raté), Bill est un méchant d'autant plus inquiétant qu'on ne le voit pas une seule seconde mais ça ne l'en rend pas plus attachant, et quant aux autres personnages, ils sont tellement secondaires qu'on se fout bien de leur sort !
Au bilan, que retenir de Kill Bill ? Une mise en scène virtuose, une BO excellente. Ca nous fait deux points pour le prétendu "chef-d'oeuvre" de Tarantino. Et comme je suis de bonne humeur et qu'il a tout de même réussi à me faire croire pendant un quart d'heure que j'allais aimer son film, je suis prêt à lui rajouter un troisième point ! On ne pourra pas dire que je n'y ai pas mis de bonne volonté...


PS: Je ne peux que vous conseiller, si vous voulez absolument de la violence et du défoulement, de regarder plutôt un film tel que Kingsman: Services secrets dont vous tirerez beaucoup plus de profit, étant donné que ce dernier nous sert justement, quand on y regarde de près, une satire corrosive des plaies du cinéma d’action qu’a ouvertes Kill Bill.

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le 7 juin 2016

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Tonto

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