Le suicide, cette mystérieuse voie de fait sur l'inconnu.

Olias Barco, qui nous avait servi le ni bon ni mauvais Snowboarder en 2003 semblait s'être arrêté avec ce seul et unique film. Après 7 ans d'absence, le voilà qui revient avec un film choc qui laisse présager le meilleur.

Le docteur Kruger (Aurélien Recoing) est un pionnier décidé à faire entrer le suicide dans la modernité. Sa clinique reçoit une subvention gouvernementale afin que le suicide ne soit plus une tragédie, mais un acte médical assisté. Son rêve est de trouver un cadre thérapeutique à l'intérieur duquel la médecine parvient à dominer cette pulsion de destruction que les désespérés, ou les malades, veulent exercer contre eux-mêmes. Mais dans la montagne isolée où il a décidé de bâtir son rêve de « suicide idéal », quelque chose vient lui rappeler que personne ne contrôle la pulsion de mort : la mort elle-même.

Kill Me Please, c'est le bel exemple de film bordélique. Ça raconte pas grand chose, ça ne mène nul part, mais ça possède un incroyable mojo qui en fait instantanément un délice à déguster avec gourmandise.
Bourré d'acteurs de talents, c'est une véritable déferlante de personnages improbables, placés dans des situations elles-aussi improbables, et donnant constamment des résultats, évidemment, improbables. Une bonne dose de second degré est bien-entendu nécessaire pour savourer l'oeuvre, et surtout un amour pour l'humour noir, celui-ci étant omniprésent. Ici la mort est tournée en dérision, et peu importe de quelle façon la personne meurt, c'est drôle.
D'ailleurs on ne nous trompe pas sur la marchandise, noir et blanc, Benoit Poelvoorde, deux warnings nous annonçant de quoi le programme sera fait. Ceci dit, Poelvoorde a en réalité un rôle mineur et introductif, les rôles principaux étant relégués à la clique Belge en vogue, ainsi que Virgine Efira et Saul Rubinek, superbe second rôle Made in US dont seule la présence au le générique d'ouverture nous fera hurler « what the fuck un ricain dans un film Franco-Belge ?! ».
Comme je le disais plus haut, ça ne nous raconte pas grand chose, la première partie servant de présentation de la clinique ainsi que de ses divers occupants, mais déjà bien barrée, puis intervient la seconde, qui devient un joyeux foutoire, transformant notre histoire en un remake non-avoué d'Assaut, dans lequel les victimes, qui voulaient mourir, se retrouvent finalement à lutter pour préserver leur droit au suicide.
Le sujet est pourtant difficile, et même tabou, mais comme pour C'est arrivé près de chez vous, l'oeuvre enfonce des barrières. C'est d'ailleurs là son message (si tant est qu'il y en ait vraiment un), ou plutôt son interrogation, « peut-on rire de tout ? ». La réponse n'est pas entre les mains de Olias Barco, le réalisateur, mais laissée entre les votre.

Bref, Kill Me Please est une oeuvre à part, boitante mais pas boiteuse, vociférante mais pas criarde, hilarante mais pas risible, en somme un havre de contradictions auxquelles on adhère, ou pas.
La réalisation est bricolée, suintant le cheap, mais on s'en fout, tout est laissé entre les mains de la distribution, véritable centre névralgique de l'oeuvre. Bouli Lanners est excellent, constamment en train de plaquer sa mèche gominée qui le fait affreusement ressembler à un Hitler tout potelé, Virginie Efira nous prouve encore une fois qu'il y a une vie après la télé, Aurélien Recoing est acerbe dans ses paroles, incarnant à la perfection ce docteur aux intentions douteuses, et Zazie de Paris ou encore Daniel Cohen se montrent eux-aussi à la hauteur.
Pour conclure, les accrocs à l'humour noir et au second degré succomberont au charme de l'oeuvre, même si sa seconde partie risque quant à elle de les déstabiliser. Pour les autres il est évident que tout ceci ressemblera à un bordel dénué de sens et affreusement irrévérencieux.
Mention spéciale pour Saul Rubinek, un de mes seconds rôles préférés, qui est un atout de poids pour l'oeuvre, et dont on se demande comment il a pu être embringué dans cette histoire, mais appuyant encore plus le côté décalé de la chose.
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le 12 mai 2011

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