Killing Ground
5.8
Killing Ground

Film de Damien Power (2017)

Bof bof.


Le début du film ne surprend pas : l'auteur met en place assez rapidement les éléments d'un survival. On se demande d'où viendra l'originalité et très vite l'auteur répond : la double timeline. Il y a d'autres éléments intéressants mais ce qui marque le plus dans cette histoire, c'est de voir en parallèle deux groupes de victimes, ceux qui vont se faire massacrer et ceux qui vont peut-être survivre, le premier précédent le second. C'est une fausse bonne idée, en tous cas par rapport au traitement effectué : l'auteur étire le double suspense jusqu'au bout sauf que ça ne marche qu'à moitié ; évidemment, on se doute que la première famille n'est pas juste en train d'admirer le paysage un peu plus loin, on sait qu'ils vont se faire tuer. La seule question qu'on se pose alors, et je pense que les auteurs en ont pris conscience, c'est la manière dont les méchants vont débarquer et massacrer ces pauvres gens. Et pour cela ce n'est réussi qu'à moitié : disons que l'on appréciera la brutalité, le radicalisme, sans pour autant tomber dans le torture porn (la torture et le viol sont ellipsés). Pour ce qui est de la seconde famille, c'est pareil, on sait qui sont les méchants, on sait qu'ils vont en découdre avec eux, on attend de voir comment ça va se passer.


Une autre bonne idée : faire réagir les personnages de manière plus 'réaliste'. Cela ne veut pas dire que c'est crédible. Par deux fois les personnages parviennent à faire tomber leurs agresseurs et par deux fois ils se contentent de fuir plutôt que de neutraliser ; il aurait fallu peu de choses pour justifier la chute. À la fin, la réaction du personnage masculin est bien trouvée mais je trouve l'exploitation de cette idée assez pauvre. Surtout que le film se termine sur une certaine ambiguïté que l'auteur n'ose pas développer. Terminer ainsi le film alors que rien n'a été préparé en amont (à part la demande en mariage qui paraît anecdotique), c'est donner l'impression qu'on a changé de film, qu'on a changé de thème sans prévenir le spectateur. Et l'on reste donc sur sa faim, hélas.


La mise en scène est plaisante : beaucoup de plans contemplatifs qui passent assez bien car il y a du mouvement, il se passe des choses à l'écran. Tous ces travellings, par exemple, fonctionnent assez bien et donnent un certain ton. Les acteurs font du bon boulot aussi, victimes comme tortionnaires. La musique est discrète. Le découpage efficace. Les plans manquent sans doute de force (la scène du jeu de cible aurait pu être bien plus prenante avec une composition plus travaillée).


Bref, ça se regarde gentiment ; quelques choix narratifs malheureux gâchent le potentiel de ce simple survival.


PS : bon je réagis ici sur la réaction du personnage masculin. C'est normal d'avoir fui. Ma compagne m'a déjà demandé comment je réagirais dans une situation de ce genre. Je ne sais pas comment je réagirais, difficile de dire avant d'être en plein dedans. Ce qui est sûr c'est que certains oseront braver les dangers au péril de leur vie et d'autres non. Cela peut paraître choquant pour certains de se sentir abandonné ainsi, et c'est sûr que sur le moment on doit en vouloir. Donc je comprend la position de la personne qui se sent trahie et ici en l'occurrence du personnage féminin. Mais lorsqu'on assiste à cela avec distance, on ne peut pas tenir le même discours. C'est normal d'avoir peur, de penser à sauver sa peau. Surtout que le bougre est revenu avec la police. Mais tout ça, l'auteur ne le développe pas. Il insiste simplement sur le cassure que cela a créé dans le couple et semble soutenir, du moins c'est mon impression, le point de vue de l'héroïne (puisqu'elle a agi pour lui par deux fois, d'abord en ne criant pas, puis en se rendant lorsque son bourreau menaçait de tuer son mari). Et c'est dommage. La situation est en tous cas intéressante et mériterait un traitement (un traitement meilleur que ce film qui se déroule dans une station de ski et dont j'ai oublié le nom).

Fatpooper
5
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le 28 janv. 2018

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