Il était une fois un homme qui voulait raconter ses histoires

J'avais des craintes à cause du titre qui situe déjà le ton ; le film confirme ce que je craignais.


En effet, le principal à retenir de ce film, c'est que Cohen... est génial. C'est frustrant ce genre de docu, je pense même qu'un ton plus neutre permettrait de creuser le sujet/personnage, d'amener des éléments plus profonds. En gros, on retrace donc le parcours de Cohen, avec quelques accélérations malheureusement (mais forcément) au travers de ses films et de quelques anecdotes croustillantes. Heureusement qu'elles sont là les anecdotes. Parce qu'elles font tout l'intérêt.


Il y a un côté Making of pas déplaisant, mais c'est survolé : forcément parcourir autant de films en 110 minutes, c'est difficile d'approfondir quoi que ce soit. En gros résumé, on peut dire que Cohen est un artiste du tournage en mode guérilla, c'est-à-dire sans autorisation et que pour certains films, il aura essayé de planifier certaines choses plus compliquées à mettre en place (avec plus ou moins de succès). C'est intéressant... mais à nouveau on ne fait qu'effleurer le sujet. Le film est tout de même inspirant pour les jeunes cinéastes, mais si vous voulez vraiment apprendre des choses sur la conception d'un film, je vous redirige vers la chaîne Youtube de Lloyd Kaufman.


Reste le personnage. Forcément, il est adulé par ses admirateurs, collègues et collaborateurs. C'est lassant. Vu que le film démarre avec de grosses louanges, j'ai cru que les auteurs de ce docu avaient voulu placer cet aspect au début pour en avoir vite fini. Mais non, ça revient régulièrement. On a aussi droit à quelques compliments un peu exagérés : Cohen est comparé à Hitchcock et d'autres grands à plusieurs reprises ; il est certain que je préfère Cohen à Hitchcock, son cinéma m'interpelle plus, mais on n'est pas dans le même registre et dire que ses films sont construits comme du Hitchcock n'a pas vraiment de sens ; Cohen est dans la série B fauchée, son découpage est fait à l'arrache, on est loin de la précision d'un des maîtres cités dans le film.


Et parfois, en de rares moments, quelqu'un dit quelque chose d'intéressant : on parle de ses colères (qui contrastent fortement avec le portrait humaniste qui est dressé par tous les autres intervenants), on croit comprendre qu'il a ce besoin d'être reconnu (il n'arrête pas de râler sur le fait que personne ne le reconnaît en festival ; on découvre aussi qu'il est un comédien frustré car il voulait faire du stand up à la base, le cinéma n'est venu après que parce qu'il a compris qu'il était mauvais dans sa passion première), il ne tourne plus beaucoup aujourd'hui alors qu'il écrit des scénario toute la journée (ça doit créer une réelle frustration, ça quand même... faudrait pouvoir vivre une semaine dans sa vie, voir le nombre de rejets qu'il doit affronter).


Bref, plusieurs choses sont abordées, trop, du coup rien n'est approfondi, et si quelques failles surgissent au cours de l'une ou l'autre interview, le but du docu reste quand même de dresser un portrait aussi positif que lisse sur le bonhomme. Quel dommage.


Niveau mise en scène, c'est assez classique : des interviews de l'artiste mais aussi de ses collaborateurs/collègues/fan, des extraits de ses films et des images d'archive. Rien de très original. Ça se regarde, c'est fait proprement, c'est déjà ça.


Bref de bref, on retiendra le film surtout pour des anecdotes croustillantes et un petit cours d'histoire pour ceux qui, comme moi, ne connaissaient rien de sa vie.

Fatpooper
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le 15 déc. 2018

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