Une redite du premier, mais un délire plus complet !

Au risque de m’attirer bien des foudres, le premier Kingsman ne m’avait pas aussi marqué que la plupart des gens. Je le juge même surestimé au possible ! Bien entendu, je ne nie pas ses qualités, que nous devons au savoir-faire de son réalisateur Matthew Vaughn et à l’aspect délirant qui se dégage du projet. Mais justement, avec les nombreuses critiques qui évoquaient un divertissement aussi jouissif qu’un film de Tarantino alors qu’il se montrait un peu trop soft au point de se perdre dans des airs de teen movies (toutes les séquences d’entraînement du personnage principal, qui cassaient le rythme de l’ensemble à mon sens), j’étais littéralement resté sur ma faim. Déçu de ne pas en avoir eu autant qu’espéré, alors que le film proposait tout de même des séquences tout simplement inouïes (le carnage à l’église), des protagonistes marquants (le méchant interprété par Samuel L. Jacskon et son zozotement) et son concept (des espions britanniques basés sur la classe des gentlemen et les légendes arthuriennes). Et c’est également pour cela, au grand dam de certains, que j’ai bien plus apprécié sa suite, Le Cercle d’Or, car s’étant présenté comme le délire total qu’aurait dû être son prédécesseur.


Alors, il faut bien admettre que ce Kingsman 2 souffre de quelques latences inhérentes à tout second opus. Comme si Matthew Vaughn, n’étant pas habitué à réaliser une suite à l’un de ses films, avait eu peur de prendre des risques au point de ne jamais innover. Plutôt que de proposer autre chose, il nous ressort la même trame scénaristique. Nous livre le même style de personnages sans que ceux-ci ne parviennent à faire oublier leurs prédécesseurs (bien que Julianne Moore soit exquise en antagoniste, difficile de passer après l’excellent Samuel L. Jackson). Et préfère enchaîner les séquences d’action déjantées, à la mise en scène reprenant ce qui a été fait dans le premier volet sans toutefois apporter quelque chose de neuf en termes de divertissement. Bref, le cinéaste ne s’est pas foulé pour nous offrir cette suite littéralement sans surprise, qui est allée jusqu’à gâcher son potentiel à l’instar de Terminator : Genysis, en dévoilant dès sa promotion un détail qui aurait pourtant fait toute la différence en découvrant le film lors de son visionnage (le retour de Colin Firth). Sur ces points, je comprends que des fans du long-métrage précédent aient connu une légère déception face à ce Cercle d’Or, car n’ayant rien eu de neuf à se mettre sous la dent.


Mais à titre personnel, ce Kingsman 2 reste meilleur que son prédécesseur. Et pour cause, n’ayant plus besoin de présenter son univers ni de perdre du temps à « former » son héros, le film peut se permettre de se lâcher sur l’intégralité de sa durée. S’il y a bien encore quelques séquences plus tranquilles, émotives, qui peuvent casser un chouïa le rythme, Le Cercle d’Or est un délire non stop ! Dans lequel les acteurs s’éclatent au maximum, et ce jusqu’aux guests, juste mémorables (le cas d’Elton John est jouissif au possible), pour nous offrir des personnages délectables (Jeff Bridges en chef d’une agence secrète dont les membres ont des looks de cow-boys, c’était d’une évidence !). Et ce même si l’on aurait souhaité en voir certains un peu plus à l’écran (comme celui joué par Channing Tatum). Un divertissement mené tambour battant, qui nous gratifie d’une énergie folle, généreux en séquences d’action délurées et spectaculaires (mise en scène détonante, effets spéciaux à gogo, montage fluide aux petits oignons...). Et qui n’a jamais peur d’user d’un humour à la fois référentiel, trash et absurde pour amuser son public. Ni même d’aborder une bande-originale plutôt punchy, sachant retranscrire comme il se doit le panache propre au film. Bref, c’est hilarant, généreux et divertissant. Que demander de plus, honnêtement ?


Que dire de plus, surtout ? Car s’il se repose sur les lauriers du premier opus question structure narrative et manque de surprise, ce Kingsman 2 n’en reste pas moins une suite qui ne se fiche nullement des spectateurs en lui procurant ce qu’il sont venus chercher, à savoir un amusement complet. C’est en tout cas ce que j’ai eu pendant plus de deux heures de franches rigolades, à tel point que j’en redemande encore par le biais d’un troisième volet, souhaité par son réalisateur. En espérant juste que Matthew Vaughn mette les bouchées doubles (bien que ce soit déjà le cas ici) et qu’il ne se contente pas de refaire une nouvelle redite du premier long-métrage. Et vu que le film fonctionne au box-office mondial (près de 400 millions de dollars, bien que ce soit inférieur au premier), il est fort à parier que nous aurons vite droit à une nouvelle mission endiablée avec les Kingsman !

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