Kingsman ou l'accession d'un prolétaire originalement déchu d'une noblesse à laquelle il était promis, fort en symbolisme et en Nan je déconne je ne peux pas faire ça.
Kingsman, 1er du nom, malheureusement pas le dernier, sorti en 2015, est, selon moi, un excellent film d'action, qui a ramené une fraîcheur plus que bienvenue au genre. Se foutant bien de la gueule des James Bond et Mission Impossible à la manière dont un Zombieland tire à boulets blancs américains (oui, Columbus et Tallahassee, je parle de vous) sur les films de zombie/post apocalyptiques, il réussit pourtant à nous présenter un personnage plus ou moins crédible, attachant, grandissant puis faisant face à un méchant dythirambiquement ridicule et tout autant inquiétant, dans un feu d'artifice de connerie, d'adrénaline, de wow, de bangs, de scènes ultra rythmées et parfaitement orchestrées et de... cervelles. Et surtout, dans un ensemble qui dans le fond n'amène rien de nouveau, mais qui crève absolument l'écran dans la forme. Jouer avec les codes, se les approprier, chier sur certains... Kingsman : The Secret Service, le fait à m.e.r.v.e.i.l.l.e !
Et c'est là tout le problème du deuxième opus... Pas parce que Matthew Vaughn essaie de faire une suite à la hauteur de l'original, non. Justement parce qu'il ne se donne même pas cette peine. Dans un but prétendument humoristique, on a droit à une nouvelle scène de pub brawl (god bless the Brits pour cette wonderful discipline). Puis, pour servir un scénario, une deuxième agence de services secrets, dont les personnages sont, sincèrement, tous plus lourds ou plus purement fonctions les uns que les autres. Mention spéciale à Tequila, à qui je pensais qu'on donnerait plus d'importance qu'un soldat junkie hyper balèze qui danse la country-core en Under Armor. Pour... Pour justifier l'apparition de cette section soeur cachée, on butte froidement tous... attendez, j'ai besoin d'insister là-dessus, imaginez que j'écris la suite en cap lock, ce sera moins agressif pour les yeux... ON BUTTE FROIDEMENT TOUS LES AGENTS DE KINGSMAN ET UN POTE D'EGGSY DANS LE PREMIER QUART D'HEURE DU FILM NAN MAIS OH ! Et la tension, la rage, la tristesse profonde qui résultent de cette action sont juste dévastatrices... de par leur absence. Et ce n'est pas un petit coup du lapin radial sur un méchant qui était déjà relou avant et qui s'est en plus fait recuire à la terminator / robocop / magie du cinéma qui va me faire leur pardonner ça !
Ajoutez à Kingsman : Le Cercle d'Or : des méchants plats comme un steak d'un Big Mac, un humour à l'industrie du cinéma américain à ses heures sombres, une originalité portée disparue, pas seulement relativement au premier opus, mais dans l'absolu, Elton John qui fait du Kung-Fu... On obtient un bon navet franchement. Et encore, cela est uniquement le cas si vous n'avez pas regardé et adoré Kingsman : Services Secrets, parce que sinon vous allez juste passer 2 heures à vous dire que vous préféreriez regarder à nouveau le premier et vous auriez raison ! Alors qu'un bon navet, ça s'apprécie, même en étant discutablement sobre !
Quand enfin, on avait enterré un personnage auquel on s'était beaucoup attaché, que l'on ressuscite par le providence de la technologie des services secrets, qui, je pense, atteint un niveau inespéré dans la toute puissance des gadgets d'agent secret, pour le ressusciter afin qu'il serve un humour vaseux, une blague dont il est lui-même victime... alors qu'on sait que le gel appliqué sur la tête d'un individu fait souvent plus de dégâts que de miracles, c'est d'un toupet !
On est donc principalement dans du recuit, mi-recuit même, vraiment peu convaincant . L'humour tombe souvent dans le lourdingue et le scénario prend cette fois la tournure d'un navet qui paraît inassumé.
Les papillons sont une originalité qui vous fera au moins sourire, mais qui manque d'effet je trouve. Merlin qui chante sublimement faux dans une scène débile, mais lumineuse et touchante -on parle de sa mort quand même- aura eu le mérite de bien me faire rire. Mais encore, ce n'est, selon moi, pas l'adieu qu'il mérite. A moins qu'il ne voulait faire dans l'absurde pur et dur, j'ai du mal à rentrer dans le délire du réalisateur. Et j'en viens à me demander s'il ne fallait pas regarder ce film tout entier comme un spectacle absurde, porteur du point de vue de Heidegger sur la mort, "Dès qu'un humain vient à la vie, déjà il est assez vieux pour mourir.". Mais je me dis qu'un mal de crâne de lendemain de soirée Chartreuse vaudra mieux qu'une impossible gymnastique de la cervelle pour tenter d'expliquer ce qui n'a aucune raison d'être tel qu'il est.
Je me suis peut-être un peu excité lors de la rédaction de cette critique, je tiens à ne pas m'en excuser d'avance !
Cdlt,
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