Pet Rescue Saga, Spy Edition
Après Kick-Ass en 2010, Vaughn & Millar récidivent avec Kingsman : adaption cinématographique du premier d'un comics du second, ayant pour intrigue le recrutement d'un cockney dans un organisation privée de super espion: les Kingsman.
Il faut reconnaitre le talent du duo pour livrer des films fun, avec des personnages délurés, et exempt de temps mort. Ces recettes livrent leur maximum lors des scènes d'actions. Vaughn prend un malin plaisir à retranscrire, avec un montage très - trop - dynamique, la frénésie des confrontations créées par l'esprit de Millar. Et cela atteint son paroxysme lors de la scène de l'Eglise.
Cette exaltation, couplée au plaisir palpable du réalisateur à filmer la violence, est pour moi le principal défaut du film. Il est évident que ce film est une caricature des films d'espionnages et ambitionne d'offrir une action décomplexée, exempt des pensum du genre. Mais ce spectacle offre une violence gratuite qui se transforme en plaisir - coupable pour moi et qui m'empêche donc d'apprécier pleinement le film. C'est une chose commune aux œuvres de Millar, et déjà très présent lors de l'adaptation de Kick-Ass.
Et cette ressemblance avec Kick-Ass, si ce n'est un calque, est le second défaut que je ferais du film. Lors du film, je ne pouvais m'empêcher de penser à Kick-Ass et Wanted, oeuvres de Millar. La construction du récit (un raté total devient un véritable héros), l'écriture des personnages (le héros, le némésis "ridicule", le twist), une réalisation au service de la violence gratuite est à la hauteur d'un mauvais shonen.
J'entends déjà dire que c'est une parodie de film d'espionnage, ce qui implique une narration caricaturale comme critique de ce genre. A cela je réponds d'abord, que je n'y vois pas une parodie mais plus un hommage au film d'espionnage, posture assumée du film lors de la présentation des gadgets et du dialogue finale, sans parler d'autres références cinématographiques. De plus, une caricature a pour objectif de critiquer un genre et donc de soulever des questions au spectateur sur l'intelligence ou non d'un récit. Et dans le cas présent, comme dans les oeuvres citées précédemment, cette critique n'existe pas, aux contraires, on peut se demander si Millar ne fait pas l'"apologie" (le terme est exagéré, mais je n'ai pas mieux) d'une justice privée, sans questionner sur ces dérives.
Un film fun suffit-il à faire un bon film ? Dans le cas présent, je ne suis pas convaincu, et je demande même s'il n'est pas temps de parler d'arnaque Vaughn/Millar.
Pour résumer c'est fun, c'est dérangeant, c'est Kick-Ass chez James Bond...