Komodo
3.7
Komodo

Film de Michael Lantieri (1999)

L’horreur animalière exige une mise en scène apte à conférer à sa créature une puissance mythique par le biais d’une construction narrative conçue en crescendo, suivant les traces, rassemblant les indices, remontant les pistes jusqu’aux premières apparitions fugaces. Autrement dit, elle doit composer une suite de rituels nécessaire à l’immersion du spectateur dans un environnement hostile auquel il croit le temps du film – rites qui relèvent de l’esthétique, tant visuelle que sonore. Si la première attaque de Jaws (Steven Spielberg, 1975) demeure iconique, c’est moins pour ce qu’elle montre que pour ce qu’elle suggère, mettant en place des rituels par lesquels passe l’horreur : la partition de John Williams, une caméra en contre-plongée qui part du fond de l’eau pour gagner la surface, le monstre qu’elle donne à ressentir avant de le donner à voir.

Tout cela fait cruellement défaut à Komodo, rejeton des deux premiers volets de la saga Jurassic Park – le studio de Phil Tippett est responsable des effets spéciaux – qui ne témoigne jamais d’une vision singulière de la créature qu’il aborde. Le dragon est traité comme un animal lambda, exception faite des bruits qu’il émet et que reprend à son compte la bande originale : ses attaques disposent pourtant d’effets visuels réussis, mais manquent de mordant ; elles ne participent pas à l’élaboration d’un cauchemar que l’on aurait aimé plus reptilien, en ce sens où les varans sont des animaux qui se fondent dans leur environnement pour chasser leurs proies, qui ont un corps particulier recouvert d’une peau composée de plaques, qui se déplacent rapidement malgré leur masse importante.

Il y a avait là de quoi faire frémir ! C’était sans compter sur un réalisateur incompétent, qui ne sait comment diriger ses comédiens, sur un script qui énumère les répliques déconcertantes de bêtise, sur un scénario qui oublie des personnages tantôt secondaires tantôt principaux, qui multiplie les ellipses initiales comme autant de faux départs à un récit terriblement vide, dont l’enrobage psychanalytique – revenir sur l’île pour exorciser ses démons – agit tel un mauvais sucre nappant une pâtisserie industrielle. On zappe.

Créée

le 30 oct. 2023

Critique lue 280 fois

3 j'aime

4 commentaires

Critique lue 280 fois

3
4

D'autres avis sur Komodo

Komodo
GuillaumeBegue
7

Mon premier film d'animaux tueurs !

Si vous me connaissez bien, vous savez que mon trip c'est les films de monstres et d'animaux tueurs ! Et l'un des premiers que j'ai découvert fut le surprenant "Komodo", connu uniquement pour avoir...

le 15 déc. 2017

3 j'aime

1

Komodo
Aude_L
3

Jumpscare, je vous hais (c'est faux)

Le podcast Jumpscare, je vous hais (c'est faux), avec cette reco' du Jurassic Park de Wish. Le chef-d’œuvre de Spielberg a tout juste laissé ses empreintes à trois doigts géants, que voici les varans...

le 4 févr. 2024

2 j'aime

Komodo
sharghan
3

Critique de Komodo par sharghan

Je suis très exigeant avec les films de "créatures", le genre ayant déjà été largement utilisé (et usé), il faut vraiment de l'originalité pour faire un bon film... Ce n'est pas trop le cas là...

le 29 oct. 2012

2 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14