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C’est marrant car les quatre principales critiques qui ont été faites au film, nous pourrions formuler exactement les mêmes pour Apocalypse Now. A savoir une recherche du beau pour le beau qui compense une intrigue plutôt mince, des personnages sans profondeur dont nous n’avons aucune réelle attache, une succession d’action que l’on observe de l’extérieur, et un film hybride prisonnier entre deux tonalités.


Alors j’ai aimé les deux films, mais j’aurai tendance à légèrement préféré ce Kong : Skull Island, car c’est un film qui s’assume pleinement, et c’est plutôt rare aujourd’hui. Le film n’a aucune prétention, il sait qu’il ne pourra devenir une œuvre à portée philosophique car voué dès le départ à rester un film de monstre, et en cela il remplit pleinement ses fonctions. C’est une réinterprétation du mythe de King Kong vraiment appréciable. Je m’explique.


Les personnages


Pour répondre à ses défauts décriés, je ne trouve pas les personnages ou leurs réactions risibles. Les personnages sont plutôt cool, notamment le duo Hiddleston-Larson. Seuls les personnages joués par John C. Reilley (qui dit à peine au revoir à sa tribu après 28 ans de cohabitation…) et Corey Hawkins (prisonnier d’un registre à la Eddy Murphy) m’exaspèrent, car la touche d’humour qu’ils veulent apporter ne fonctionne pas du tout. Sinon le colonel joué par Jackson est correct également. Je ne trouve pas ridicule les très gros plans sur ses yeux, c’est un militaire éreinté qui a vu ses hommes mourir, il veut la vengeance c’est normal, et il permet d’apporter du fil rouge.
En fait aucun personnage n’est très développé, mais c’est fait exprès j’ai envie de dire… Le film s’appelle « Kong : Skull Island », c’est un film de monstre et de divertissement, vous auriez voulu qu’on développe à fond les persos et leurs réactions pour qu’on pleure de leur mort prévisible ? Parce que oui, le titre vous dit déjà que vous allez être dans une île hostile qui ne laisse pas beaucoup place à la survie. Et puis je suis désolé, mais lorsque les militaires décident à la fin de protéger Kong, il y a quand même un semblant d’évolution dans leur arc qui fonctionne et qui permet de créer un vrai dénouement.


Je trouve que chaque personnage a une réaction en adéquation avec leurs caractéristiques et avec la situation, à aucun moment (à part le coup des adieux expéditifs à la tribu) je n’ai trouvé un comportement ridicule ou bizarre. Je reconnais néanmoins volontiers qu’il y a une petite dizaine de dialogues à lever les yeux au ciel, mais les personnages sont suffisamment consistants pour servir le reste, car encore une fois c’est un film sans prétention qui n’a pas à davantage développer ses personnages.


La réalisation


Pour moi la vraie qualité du film réside dans sa réalisation qui nous plonge au cœur du récit. Le film est juste sublime avec ces flares du soleil omniprésents qui viennent souligner cette nature hostile d’un vert saturé plaisant ; ainsi qu’avec cette teinte orangée qui donne une imagerie très Vietnam, et qui nous ramène aussi quelque part à l’âge d’or des films de divertissements des 80’ et 90’, ces films qui m’ont fait aimer le cinéma par la magie qu’ils dégageaient. Il y a une beauté et une esthétique très rare donc pour un blockbuster, et cette touche impressionniste de Jordan Vogt-Roberts est extrêmement appréciable. Cette imagerie qu’il apporte au film lui confère toute son originalité car ça crée un récit vraiment immersif et dépaysant, ce n’est pas filmé comme n’importe quel blockbuster où on reste toujours extérieur au récit.


Défauts manifestes


Mon seul vrai regret concerne la scène du sacrifice du soldat de fin. Il veut se sacrifier, son pote pleure et finalement il meurt comme une **** balayé par la queue du monstre… Je n’ai pas compris s’il fallait être ému ou rire… Mais ce n’est qu’UNE scène contrairement à ce que les gens disent, ce n’est pas comme ça tout le temps.


Puis il y a cette incohérence : si l’acteur joué par Goodman s’est greffé à la mission qui devait jeter les bombes pour l’« étude géologique », pourquoi il explique qu’il a fait larguer les bombes lui-même pour réveiller le monstre ?


Enfin, pourquoi diable le groupe laisse-t-il la photographe se promener toute seule ? (Quand elle voit le pauvre buffle sous un hélicoptère).


Conclusion


Sans être condescendant, je pense que les gens n’ont pas compris que Kong : Skull Island est un film totalement décomplexé qui n’a aucune prétention, si ce n’est de faire du personnage de King Kong un monstre très réussi : j’aime son apparence, ses combats, son humanité, et le fait qu’il soit montré avec parcimonie ; le tout à travers des images d’une rare beauté pour un blockbuster qui donnent au film une vraie épaisseur.


On ne s’ennuie pas, c’est un bon film, un très bon divertissement, et le meilleur King Kong du cinéma selon moi. Je ne vois pas comment le film aurait pu être beaucoup mieux en fait, ce n’est pas un chef d’œuvre mais le titre c’est "Kong : Skull Island", à quoi vous vous attendiez ? Comment ça aurait pu être un chef d’œuvre ? Faire un film de 3h comme Jackson ? C’est pas un peu beaucoup 3h pour un film de monstre… ?


Je reconnais volontiers ses quelques défauts grossiers, mais le film propose vraiment quelque chose de neuf, et l’effort de réalisation est très appréciable, j’en ai été sensible en tout cas. 7,5/10 pour moi. Bravo à ce jeune réalisateur de 32 ans d’avoir accompli sa mission avec brio.

Skware
7
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le 3 avr. 2019

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Skware

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