A la veille d'une promotion importante, le carriériste Ted, publicitaire à succès et bourreau de travail, observe incrédule et impuissant le départ de sa femme Joanna. Il se retrouve ainsi seul avec son fils de 5 ans et demi dont il ne s'est jamais vraiment occupé. Le titre du film pourrait ainsi faire allusion à leur relation, au départ plus que houleuse et à leur découverte progressive et mutuelle. Ted comprend à la fois la difficulté de mener de front vie personnelle et ambition professionnelle et découvre petit à petit ce qu'est être père, tant du point de vue moral qu’affectif.

Le film offre un très beau rôle à Dustin Hoffmann, dont le personnage suit une évolution à la fois significative et riche. Kramer contre Kramer trouve une certaine justesse dans les rôles de Ted, de son fils et de leur voisine, également mère célibataire. Le film arrive à alterner un fond sérieux et une certaine complicité légère.

J'ai en revanche moins adhéré à la toute dernière partie du film et au retour de Joanna. Après avoir passé tant de temps sur la relation père-fils, cette dernière partie est déséquilibrée, car en tant que spectateur nous nous sommes déjà beaucoup investis auprès de Ted. Si sur le fond, Joanna semble avoir la possibilité non pas de se justifier mais au moins d'expliquer la détresse qui l'a conduit à cette situation, la réalisation tout entière prend fait et cause pour Ted. Si les deux sont malmenés pendant le procès, lui l'est pour sa responsabilité, elle pour sa probité. L'issue d'abord du procès puis du film sont des rebonds finalement peu intéressants au regard du reste de l'histoire et n’interroge pas plus avant la notion de la parentalité ou d’épanouissement.

Après tout un film où Ted connaît une évolution presque trop belle, ce final où tout lui semble pardonné et où rien ne le semble à la mère m'a assez déçue. On peut peut-être justement y voir une réalité cruelle qu’essaie de souligner le film : si Joanna revient, elle sait qu’elle devrait rentrer de nouveau dans le moule, et qu’on lui imposera bien plus un choix entre parentalité et épanouissement. Mais là, le film se fait plus discret, quand on aura passé tant de temps avec Ted. Progressiste sur le rôle d’un père et sur sa relation avec son fils, le film efface tellement la mère qu’il ne lui permet plus de revenir, elle n’aura pas sa seconde chance.

AlicePerron1
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus avec le CS Cinéma Club - 2024

Créée

le 16 mars 2024

Critique lue 12 fois

Alice Perron

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur Kramer contre Kramer

Kramer contre Kramer
Behind_the_Mask
8

Pêché originel

Un homme et une femme qui se séparent. Quoi de plus banal aujourd'hui. Mais ce sont les réactions qui, ici, le sont moins. Cet homme qui cherche à peine à retenir celle qu'il a dû aimer un jour,...

le 12 oct. 2015

27 j'aime

Kramer contre Kramer
Truman-
8

Critique de Kramer contre Kramer par Truman-

Au début j'ai pas accroché, je me suis même profondément ennuyé et j'ai eu comme l'impression que le film avait du mal a bien se lancer . Puis peu a peu le film se lance comme il faut, l'histoire...

le 29 janv. 2014

24 j'aime

2

Kramer contre Kramer
Ugly
6

Mélodrame social

Bon, je le dis de suite, ce n'est pas le genre de film que j'affectionne, on peut lui reprocher son caractère mélo, heureusement pas trop appuyé, le sujet délicat que beaucoup de couples ont sans...

Par

le 4 juin 2018

20 j'aime

Du même critique

La Bonne Épouse
AlicePerron1
3

La bonne épouse rate son plat

La bonne épouse est pour moi un résultat vraiment décevant. La bande-annonce promet une comédie qui tire vers la satire, le sujet du film étant les écoles ménagères dans les années 60, juste avant...

le 10 juil. 2020

14 j'aime

1

Pluto
AlicePerron1
3

Pluto pas

Je ne connaissais pas le manga original, mais j'avais beaucoup apprécié Monster et 20th Century Boys, et la note de 8 à l'époque sur senscritique avait éveillé ma curiosité. Pluto nous plonge dans un...

le 4 déc. 2023

9 j'aime

7

Porco Rosso
AlicePerron1
10

Mélancolie élégante

Porco Rosso est l’un des rares films de Miyazaki que je préfère regarder en français, tout simplement pour la voix grave et enveloppante de Jean Reno, qui enrichit grandement le personnage de Porco...

le 10 janv. 2019

8 j'aime