L'Abîme
4.8
L'Abîme

Film de Juan Piquer Simón (1990)

À la fin des années 80, un mini sous genre du cinéma de genre explose. Oui, après avoir terrorisé le public avec la crainte de l’inconnu au fin fond de l’espace, les films terrorisent le public avec la crainte de l’inconnu dans les fonds marins. Il y avait eu Abyss de James Cameron, Leviathan de George P. Cosmatos, MAL de Sean S. Cunningham. La folie est lancée, et pas mal de petites productions plus ou moins (surtout moins) glorieuses emboitent le pas. Oui, Roger Corman s’y sera mêlé en 1989 avec Lords of the Deep (et son magnifique 2.8 sur imdb). Mais revenant à Leviathan, honnête série B au budget bien confortable de 25 millions, avec un casting 4 étoiles (Peter Weller, Richard Crenna, Daniel Stern, Ernie Hudson), produit pour Dino De Laurentiis. Le film, bien qu’ayant aujourd’hui un petit statut de série B culte, n’a pas marché des masses, et De Laurentiis, toujours à la recherche du bon filon, décide de produire une version avec un budget moindre. 1 million 300 000 dollars en poche, un réalisateur Espagnol qui ne parle pas anglais, un casting alternant le catastrophique et les gueules bien connues, et c’est parti pour les fonds marins à nouveau dans The Rift. Pas question vu le budget de reprendre Stan Winston pour les effets spéciaux par contre, ni même Jerry Goldsmith à la musique hein… À la place, on aura Joel Goldsmith, ça sonne presque pareil. Bref, ici, nous suivons une équipe de sauvetage dans un sous-marin qui part à la recherche d’un autre sous-marin détruit pour récupérer la boite noire. Le créateur du sous-marin embarque à bord, et voilà la fine équipe en direction des fonds océaniques, et ils vont finir par capter un SOS au fin fond d’une grotte.


Du classique tout ça, mais parfois, il n’en faut pas plus pour faire une petite série B sympathique. Ce qu’est The Rift au final, malgré de bien gros défauts inhérents au genre. De gros défauts, mais des qualités en faisant un film tout à fait sympathique pour peu que l’on aime le genre. Car disons le d’emblée, le choix de Jack Scalia dans le rôle principal, direct, ça ne va pas. Oui, il a une fort jolie chevelure sentant bon la fin des années 80, mais il ne sait pas jouer. Et comme c’est le héros, ben forcément ça fait tâche. Heureusement qu’on peut trouver à ses côtés des gueules connues et surtout de meilleurs acteurs, avec R. Lee Ermey (Full Metal Jacket), décidemment habitué à jouer les sergents, ou encore Ray Wise (Twin Peaks), même s’il va passer la première moitié du film à taper sur quelques malheureux boutons. Autre défaut clairement de son époque, il faut forcément que l’équipage du sous-marin ai à son bord le noir rigolo de service, qui n’est jamais drôle et penser avec sa queue. Clichés, check ! Dans sa structure, le métrage sent bon cette époque là également, avec une première partie un peu lente pour nous exposer ces personnages et faire durer le suspense, avant de se faire bien plus généreux par la suite. On a donc 40 petites minutes avec notre sous-marin explorant les fin fonds marins, ayant quelques soucis (rencontrant une pieuvre aussi), arrivant à destination, avant que l’aventure ne démarre réellement. Une première partie certes un peu lente mais plutôt sympathique au final, avec une petite ambiance minimaliste assez sympathique. On sent le budget limité dans les décors (on verra souvent les mêmes pièces du sous-marin, les décors extérieurs sont limités), mais l’ensemble passe plutôt bien.


Mais c’est dés lors que notre fameuse équipe arrive dans la grotte que le film démarre, se fait généreux, bien plus intéressant, et qu’il nous lâche au départ une petite ambiance sympathique et mystérieuse avant de nous balancer à la gueule pas mal d’effets spéciaux et d’effets gores, tout à fait corrects pour le budget. Généreux, the Rift l’est, et ça ne s’arrête plus une fois le festival lancé. Démembrements, créatures multiples et variées au design bien sympathiques, corps explosés, tentacules (non ce n’est pas du hentai je vous le jure !). Les effets tout comme le rythme s’emballent, pour ne plus nous lâcher jusqu’au final, malgré des événements plutôt prévisibles, et le bodycount, autant côté humains que côté monstres est assez impressionnant. Du coup, produit bien représentatif de son époque qui ne cherche aucunement à surprendre ou à renouveler le genre, The Rift sait se faire divertissant et plutôt agréable, malgré son côté fauché. Car même en dehors du sous-marin, il faut bien avouer que les personnages ne vont qu’évoluer dans des couloirs sombres d’une grotte qui se ressemblent tous. Mais le film s’avère malgré tout attachant, même dans ses défauts. Il n’arrive pas à la cheville de Leviathan, ou même de MAL qui a tout mon capital sympathie, mais il se tient là.

Rick_D__Jacquet
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le 21 oct. 2020

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Rick Jacquet

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