J'aime Dupieux, son originalité, ses idées absurdes : il est à part dans le paysage cinématographique français et c'est plutôt bon signe.
Adèle Exarchopoulos est tout simplement géniale, une espèce d'adulescente avec un rire bizarre, des expressions faciales comiques. Après son rôle tout aussi bizarre dans Mandibules, elle doit bien s'amuser chez Dupieux. Transformer une actrice connue, en faire presque un monstre, il n'y a que ce cinéaste qui peut se le permettre. Mention spéciale à Karim Leklou, qui n'a pas besoin de dialogues pour briller. La scène où il suit la star à cheval sur son scooter, avec son regard de fou sans rien dire, est très drôle.
On ne sait pas trop si on doit rire ou pleurer à certains moments. Dupieux joue sur une corde qui peut autant basculer vers la comédie que vers l'horreur. J'ai trouvé d'ailleurs beaucoup du Daim dans ce film. Les montagnes, une personnalité folle, des rencontres improbables, et cette violence brusque, sans pitié.
Mais justement, Le daim m'avait ennuyé, et j'y ai vu le moins bon film de son réalisateur.
Pour L'accident de piano, pas d'ennui mais un message de gros boomer martelé tout le long du long-métrage. C'est la starification de personnes sans talent, la mode du selfie, du harcèlement des stars, l'utilisation débile d'internet, qui est dénoncée ici. Et comme si nous n'avions pas compris le message pourtant très clair du film, Dupieux nous offre un plan final sur les fans qui se retirent sans rien dire lorsque la star se suicide.
Dupieux dénonce, très bien. Et après ? Ce n'est pas particulièrement intéressant, pas novateur, et franchement pas très fin. Film évidemment mineur de sa carrière, mais difficile de faire mieux que Réalité ou Au poste.