''L'Accident de piano'' c'est difficile à regarder. Une escalade dans l'horreur humaine et la violence.
On va suivre la descente aux enfers d'une youtubeuse (Adèle Exarchopoulos) qui doit son succès à des vidéos où elle s'inflige toutes sortes de supplices ; ce qui est aidé par le fait qu'elle ne ressente pas la douleur.
Elle va notamment devoir être interviewée pour la première fois, suite au chantage d'une journaliste.
Ça fait bizarre de voir Adèle Exarchopoulos et Karim Leklou dans des rôles si détestables, mais ils réussissent l'exercice avec brio.
Cela vaut aussi pour le reste du casting, même si je suis moins familière avec ces derniers.
En effet, durant le visionnage on en vient à se demander qui est le plus détestable entre l'influenceuse pourrie-gâtée, l'agent qui est autant une victime qu'un profiteur (Jérôme Commandeur), la journaliste faussement bienveillante qui prend les youtubeurs de haut (Sandrine Kiberlain), ou les fans qui oublient le bon sens dès que ça concerne des célébrités (notamment Karim Leklou).
Le personnage d'Adèle Exarchopoulos en devient limite la plus honnête et la plus tragique dans le lot. Un comble quand on voit à quel point elle est une personne infâme.
Mais c'est peut-être parce que la société, internet, les consommateurs et les mauvais parents créent des monstres.
Concernant la forme, le format 4/3 reproduit autant le format idéal pour les vidéos sur le net qu'il nous oblige à être au plus proche des personnages du film.
Par contre, je n'ai pas compris l'intérêt du chapitrage. Peut-être que c'est une sorte de compte à rebours comme celui qu'on retrouve dans une scène du film, mais je trouverais ça quand même superflue.
Quentin Dupieux confirme aussi qu'il est toujours autant un excellent cinéaste qu'un excellent musicien, en nous proposant une nouvelle bande originale en lien avec le titre : des morceaux de piano qui sonnent volontairement faux pour nous mettre autant mal que son récit. Avant de finalement nous laisser sur un dernier son aussi beau que tragique.
Puisque justement, Quentin Dupieux propose certes une excellente comédie macabre, mais également un de ses films les plus pessimistes (dans ceux que j'ai vu en tout cas).
Être un corbeau sonne finalement mieux qu'être un humain finalement (référence à des scènes que j'ai beaucoup aimé dans ce long-métrage).
En conclusion, j'ai adoré ce film autant pour son horrible humour que pour sa vision autant cynique que déprimante des réseaux sociaux.
Mon film