Un peu gratuit, vain, et d’une misanthropie flagrante, L’Accident de Piano sonne comme une tombée de masque pour un réalisateur aussi antipathique à la ville que singulier dans son cinéma. Singulier jusque-là, mais dont le glas semble ici sonner pour moi dans une redondance trop poussée au sein du corpus de Dupieux.
Comme à l’accoutumée, on retrouve des acteurs tendances dans des rôles marqués, et si je ne jette pas la pierre à Adèle Exarchopoulos pour sa prestation crédible, son personnage n’a pas l’effet parasitant désiré et se contente d’être un amalgame cringe de tout ce qui semble déplaire à Dupieux dans la société 2.0, sans nuance aucune.
Il y a bien un questionnement timoré sur l’art qui continue à traverser le dernier tiers de sa filmographie: “J’ai dit artiste parce que je suis payée à rien foutre” nous lâche son personnage dans un constat cynique sur le corpus du cinéaste qui a fait du concept de coin de serviette son fond de commerce et qui commence sérieusement à tourner en rond tout en rentrant facilement dans ses frais modérés.
Alors oui, quelques blagues fonctionnent, mais globalement la farce ne prend pas et on attend patiemment la fin. Non pas que l’on soit gagné par l’ennui, 1h28 ça file vite quand c’est relativement propre et rythmé, mais on sent bien la corde sur laquelle tire Dupieux s’amenuiser de film en film.
Mais la conclusion m’aura fait lâcher un énorme soupir tant elle se vautre dans une morale facile et malvenue d’un des plus gros trolls du cinéma français qui enfonce des portes ouvertes histoire de, sans que l’on ne croie jamais à l’honnêteté de sa démarche. Et pourtant j’aime bien la plupart des films de Dupieux, en les prenant pour les farces absurdes à peine réfléchies qu’elles sont. Mais qu’il ne vienne pas nous faire croire qu’il fait ce qu’il fait dans un autre but qu’une satire gentillette qui lui permet de boucler ses films en quinze jours en se payant les acteurs tendance du moment. Ça relève du foutage de gueule nihiliste, et me fait penser que j’arrive au point de saturation du réalisateur.
Tout juste en retiendrais-je Karim Leklou, parfait en crétin ahuri, l'œil vide du consommateur de l’Internet poubelle retranscrivant parfaitement la déchéance civilisationnelle de pans entiers des réseaux sociaux.