L'AFFRONTEMENT (ne pas confondre avec le film de Newman, qui traite aussi d'une relation père-fils) se situe dans la lignée des drames psychologiques à la Kazan : une ode adolescente croisée d'une pincée d'Americana et de gros lourd psy (un fils retrouve son père, assassin de sa mère, après sa sortie de prison). La présence de Mitchum fait même penser à l'atmosphère de certains Minnelli (moins HOME FROM THE HILL que COMME UN TORRENT), pour cette espèce de moiteur country provinciale où cuisent les rancoeurs, mais où les laissés pour compte tentent malgré tout de se reconstruire (la vie dans les caravanes, le rituel du bowling, le boulot au garage du coin, les convocations rituelles chez le juge). Mais loin des grimaces Actor's Studio, le jeune homme est incarné par Jan-Michael Vincent, pur underacting dans son premier grand rôle au cinéma (tout juste sorti du succès du téléfilm TRIBES en 1970). À la fois solaire et glaçant (une scène atroce dans un poulailler), il porte le film sur ses épaules dans un mystère et une tension continue. Que recherche ce garçon en se rapprochant d'un père qu'il semble haïr ? Une affection, une transmission, une vengeance ? La sobriété de la mise en scène n'empêche pas les belles trouvailles (l'ouverture avec les voix off des entrevues en prison) ni les accents lyriques (la maison du crime devenue un bordel aux couleurs rouges), gardant un rapport toujours juste aux corps et aux situations (la visite de la maison, avec le discours de Mitchum qui va et vient sur la terrasse). Malgré la lourdeur du sujet - et inévitablement de certains dialogues -, Herbert B. Leonard se tire de l'écueil Kazan pour se hisser vers les subtiles mélodies d'un Mulligan.

LunaParke
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le 19 oct. 2023

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