L'Âge d'or
7.1
L'Âge d'or

Film de Luis Buñuel (1930)

Il était une fois le cinéma français - Episode 1 : 1930 "Les débuts du parlant"

Je fais un commentaire détaillé de l'âge d'or dans le premier épisode d'un projet de série documentaire consacré au cinéma français, et que vous pouvez voir à l'adresse suivante :
https://www.youtube.com/watch?v=yqxmR2-HO00


Pour résumer mon avis, j'ai adoré le film qui est un énorme troll et foutage de gueule, et pour l'époque c'est totalement inédit.
Y a un crescendo démentiel dans le n'importe quoi assez grisant, avec une BO qui part complètement en sucette, des dialogues lunaires, et la succession d'images toutes plus absurdes les unes que les autres. Si on ajoute à ça les provocations constantes vis-à-vis de la religion, on obtient un coktail détonnant qui a logiquement déchainé les passions (film censuré plus de 50 ans pour rappel !).


Ce que j'aime beaucoup également, c'est que derrière la farce, et le grotesque, on y trouve aussi de très belles inspirations, des envolées poétiques qui parviennent à créer une véritable émotion. Je finis par y croire à cette histoire d'amour farfelue, mélangée de bon et de mauvais goût.
Bref, pour moi le film n'a pas pris une ride et reste un vrai plaisir à regarder.


Je profite de cette page pour parler un peu plus en détails de mon projet de série documentaire sur le cinéma français. Il est possible d'ailleurs que cette page soit éditée en fonction des évolutions du projet (par exemple en rajoutant des liens). Je compte par exemple faire une petite note de blog, dont voici la page : http://kingrabbit.over-blog.com/2019/01/serie-documentaire-il-etait-une-fois-le-cinema-francais-saison-1-les-annees-30.html
Et une page sur twitter : https://twitter.com/i/moments/1086209012838871040


Il s'agit d'abord d'une adaptation d'un ouvrage sur le cinéma français (le 1er tome concerne les années 30) en cours d'édition, et rédigé par :
pphf : https://www.senscritique.com/pphf
denizor : https://www.senscritique.com/denizor


(D'autres personnes ont également participé au projet avant de le quitter :
Guillaume Rouleau https://www.senscritique.com/GuillaumeRoulea
et Youli : https://www.senscritique.com/youli )


Initialement, j'ai suivi ce projet de très loin, parce que je ne suis pas du tout spécialiste du cinéma français, qui me fait plus peur qu'autre chose. J'ai un mal fou avec les productions contemporaines, à quelques exceptions près. Quelques traumatismes resteront longtemps dans ma mémoire (par exemple : "Tiresia" de Bonnello, ou "Glissements progressifs du plaisir" de Robbe-Grillet, j'en tremble encore rien qu'à leur évocation). Bon je suis un gros fan des classiques de la comédie (en particulier les films de De Broca, Rappeneau, "Le Sauvage" qui est un chef d'oeuvre absolu).


Et j'ai commencé à réviser mon opinion sur le ciné français il y a quelques années, quand je me suis plongé dans les "vieux" films, et en découvrant notamment le cinéma de Julien Duvivier. Gros choc avec "Sous le ciel de Paris". Voilà un film choral totalement moderne, riche en idées, original, innovant, ambitieux (bref un truc qu'on ne voit presque jamais), virtuose, et infiniment passionnant.
Ce film a été la porte d'entrée qui m'a permis de découvrir plein d'autres merveilles que je n'aurais jamais osé voir auparavant.


J'ai commencé à feuilleter l'ouvrage sur le ciné français, et en lisant les premières pages, j'ai pensé qu'il y avait la matière pour tenter de faire une série documentaire qui serait organisée suivant la même structure :
- Une première partie historique qui pose les enjeux de l'année, et qui dépasse le strict cadre du cinéma (dans l'ouvrage, environ 4 pages, je l'ai un peu abusivement transformée en 18 minutes)
- La seconde partie qui rentre dans le vif du sujet et qui par une suite de portraits aborde les films clés de l'année, et les personnages (réalisateur, actrice, acteur) + un dossier sur un thème particulier.


L'idée serait donc de faire un épisode par année, et une saison par décennie.


Pas forcément simple d'adapter un ouvrage encyclopédique en film néanmoins, et ça pose plusieurs difficultés.


D'abord, comme j'ai décidé de me lancer dans ce projet tout seul sans demander l'avis de personne, je fais le choix de ne travailler que sur la base des textes écrits par pphf (c'est mon père, donc c'est normal). L'ouvrage m'apporte une aide considérable dans le choix des films et des personnages à présenter. Ensuite, je recompose le texte, je reprends certaines phrases ici ou là pour les insérer dans le commentaire en voix-off, en essayant d'éviter le risque d'être trop littéraire pour un film (je reviendrai sur la problématique de la voix-off).


Je suis obligé de voir les films, et de me documenter, je pense que c'est impossible de faire ce boulot à l'aveugle et en restant collé au texte de l'ouvrage, sans le moindre recul. Ca me permet de me faire mon propre avis, et donc mes propres choix, et surtout ça me permet d'avoir d'autres idées qui en appellent d'autres et ainsi de suite. Et puis, il y a aussi le plaisir de l'imprévu, lorsque l'on découvre des documents nouveaux, qui contredisent ou confirment ce qui était prévu dans le cadre initial, on peut ainsi se laisser aller à de nouvelles digressions.


Il y a certaines parties que j'ai intégralement "écrites", et d'autres plus partiellement, et je pense qu'on peut percevoir la différence, même si j'ai essayé de rendre l'ensemble à peu près cohérent.
Par exemple, la critique de l'âge d'or est personnelle (le texte de l'ouvrage avait été rédigé par Youli), et le style est différent, plus heurté, avec des répétitions de mots (notamment le passage concernant la provocation), comme si je commentais librement les images en temps réel, mais j'ai trouvé que ça permettait de varier un peu de registre, plutôt que d'avoir constamment une voix-off surplombante.


La question de la voix-off :
C'est le truc qui dès le départ m'embête le plus, parce que je trouve que c'est trop facile de raconter une histoire en voix-off. Le véritable défi, c'est de parvenir à raconter une histoire avec l'image et le son mais sans l'aide des mots, tout en restant parfaitement intelligible.


Ca rejoint le segment consacré à René Clair dans le documentaire, et ses réticences vis-à-vis de l'arrivée du son au cinéma. Il ne faut pas que les auteurs abandonnent l'image pour se reposer exclusivement sur les mots.
Et d'ailleurs dans la partie sur René Clair, mon parti-pris a été de ne faire aucune voix-off. Mon défi c'était d'essayer de raconter son cinéma seulement avec des extraits d'une interview, et un montage de séquences issues de ses films. Et à l'avenir, c'est ce sur quoi j'aimerai essayer de bosser : raconter le plus de choses possibles, avec le moins de voix-off (si j'y arrive ce qui n'est pas gagné, et ça dépend aussi de la matière qu'on arrive à dénicher).


J'ai eu des retours variés sur la question de la voix-off, donc j'ai encore du mal à me positionner.
Le souci, c'est qu'en l'absence de voix-off, on prend le risque de perdre le spectateur.
Par contre, à mon sens, s'il y a trop de voix-off, on va saouler le spectateur, et le film va devenir lourdingue. Donc c'est un équilibre vraiment complexe à trouver.


Sur le ton de la voix-off, j'expérimente des choses. Je me connais un peu, et je sais que j'ai tendance à en faire des caisses, mais je me contiens du mieux que je peux. Mais le but aussi c'est de s'amuser et de prendre du plaisir, sinon ça n'aurait aucun intérêt. En tout cas, je comprendrai parfaitement qu'un spectateur puisse trouver que sur certains moments du film on frise légèrement avec le pompiérisme, si on regarde ça au premier degré. Par exemple sur le tout début du film, personnellement je m'amuse beaucoup en sortant la grosse voix et en balançant des "Le Krach boursier... Et ses conséquences..... Catastrophiques !...", répété deux fois, avec en plus l'effet des cartes qui tombent, c'est franchement too much. Mais là encore c'est plus fort que moi.


C'est l'occasion de faire une petite digression :
A l'école d'avocats, les élèves-avocats sont répartis dans des groupes de dix, et chaque semaine ils doivent réaliser un exercice de plaidoirie au tribunal du coin, devant des vrais professionnels, en robe, bref dans les conditions du réel.
Dans le groupe, avec un autre gars, on essayait sur chaque plaidoirie de faire quelque chose d'original, de tenter des choses qui sortent un peu de la présentation scolaire et plan-plan, pour donner un peu de vie à l'exercice.
j'ai essayé de le faire à deux ou trois reprises, et puis j'ai fini par laisser un peu tomber, et je suis rentré dans le rang, parce qu'on se faisait rembarrer. On nous expliquait qu'il ne fallait pas être original, qu'il fallait rester parfaitement sobre, ne rien tenter de particulier, car sinon on prenait le risque d'avoir une mauvaise note à l'examen final.
Mon camarade a persisté, et j'entendais qu'on se moquait de lui, ce qui était déplorable.


Au bout du compte, en décourageant les gens de tenter des choses inédites, et bien on se retrouvait dans des sessions de 2h emmerdantes à mourir, où tout le monde baillait et attendait que ça se passe. Bref, aucun intérêt.
Mais la démarche que nous souhaitions suivre, ce n'était pas simplement pour le plaisir de jouer au plus malin, ou se faire remarquer des autres. Il y a de vrais enjeux :


D'abord il s'agissait d'un exercice, ce qui devrait normalement être le cadre idéal pour l'expérimentation et les essais, quitte à se planter, et prendre le risque (indolore et anecdotique) du ridicule, donc la réaction des examinateurs me dépassait complètement.
Ensuite, concrètement au tribunal, si toute la journée un juge ne fait qu'entendre une litanie de plaidoiries interminables et génériques, ne défend-on pas mieux son client lorsque l'on essaye de réveiller l'intérêt de l'audience, en tentant autre chose ?
Je n'ai pas de réponse claire pour cette question, et la sobriété peut parfaitement fonctionner, mais ça m'attriste qu'on essaye d'enfermer les gens dans des formats contraignants, parce que des bons usages qui reposent sur pas grand chose, ont pris trop de poids.


Sur la durée des extraits de film :
Certains extraits peuvent être un peu longs, mais quel crève-coeur de devoir couper. Un monteur professionnel n'aurait sûrement pas les mêmes scrupules...


Le problème de youtube :
Youtube est une plateforme globalement relou.
D'abord ils ont mis une restriction d'âge sur la vidéo, qui pour moi n'a aucun sens, ce qui va considérablement limiter son audience, puisque cela impose d'avoir un compte sur le site.
Ensuite, il y a le problème du robot content id qui scanne régulièrement les vidéos pour vérifier s'il y a des contenus protégés par le droit d'auteur sur la plateforme.
Ce robot ne fait aucune distinction entre un film au complet (donc un véritable piratage), et des critiques, reportages, documentaire. La durée de l'extrait n'a aucune incidence, si le robot le repère, les ennuis peuvent commencer. Au mieux, la vidéo est démonétisée pour celui qui a publié la video. Ce sont les ayants-droit des extraits de film, ou des musiques qui vont bénéficier de la monétisation de la video via des clips publicitaires avant la lecture du film (même contre l'avis de celui qui publie une video et qui ne veut pas qu'il y ait de pub dessus). Au pire la vidéo est bloquée.


Là, comme je suis sur des vieux films, je suis à peu près tranquille (et dans l'absolu, je pourrai me justifier avec l'argument du droit à la critique, et de la courte citation).
Mais par exemple, le robot de youtube m'a obligé à mettre un filtre particulièrement dégueulasse sur un extrait d'une minute du film "le Million" de René Clair. Sans cela, la vidéo dans son intégralité aurait été bloquée dans le monde entier.
Il y aura toujours un risque la vidéo soit bloquée à l'avenir.
C'est pourquoi je vais mettre le film sur d'autres plateformes.
J'ai uploadé le premier épisode sur vimeo en deux parties à ces adresses :
https://vimeo.com/311678799
https://vimeo.com/312923428


Cette page évoluera avec le temps pour faire des points sur le projet !

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le 17 janv. 2019

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KingRabbit

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