🔴 https://www.youtube.com/playlist?list=PL20YyCbDV6ECMvmhSuCu8WtMbVtItUgMD
Ce qui marque durablement dans L’Âme idéale, ce n’est pas tant son intrigue que tout ce qu’elle laisse en suspens. Le film parle de fantômes, mais il s’intéresse surtout aux absences : absence d’amour vécu pleinement, absence de risque, absence de confrontation avec ses propres désirs. Elsa voit les morts, mais c’est sa difficulté à rejoindre les vivants qui constitue le véritable enjeu du récit. Le film installe une atmosphère douce, presque enveloppante, qui rend ses personnages immédiatement attachants. La mise en scène accompagne Elsa avec délicatesse, mais sans jamais la contredire. Même lorsque le récit révèle que la relation amoureuse repose sur une base fragile, voire problématique, le film choisit l’apaisement plutôt que la déchirure. Pourtant, il y avait là une matière profondément troublante. Aimer quelqu’un qui n’est peut-être qu’un prolongement de son propre manque, une construction née du refus de la solitude, est une idée puissante. Mais le scénario préfère la contourner, comme s’il craignait de rendre son héroïne moralement ambiguë ou émotionnellement inconfortable. Magalie Lépine-Blondeau, elle, n’élude jamais ces zones grises. Son jeu est subtil, traversé par une lucidité douloureuse. Elle incarne une femme qui sait, au fond d’elle-même, que quelque chose cloche, mais qui choisit d’y croire quand même. C’est cette tension intime qui donne au film ses moments les plus justes. Le problème est que le récit ne va jamais jusqu’au bout de cette logique. Là où l’on attend une remise en question profonde du besoin d’illusion, L’Âme idéale opte pour une résolution douce, presque consolatrice. Le film ne ment pas, mais il n’ose pas non plus tout dire. Il en résulte une œuvre sensible, honnête, parfois émouvante, mais qui reste en surface de son propre vertige. Une comédie romantique élégante, hantée par ce qu’elle n’ose pas regarder en face. Ma note : 12 / 20