Le début du film fait illusion. L'île d'Ouessant offre son décor de fin du monde, entre pittoresque et dénuement, à un sujet dont on met peu de temps à découvrir l'enjeu quand débarque la jeune docteure jouée par Micheline Presle. Elle semble avoir le caractère pour tenir tête aux mentalités insulaires et incarne la modernité parce qu'elle est une jeune femme scientifique et diplômée.
Hélas, son chemin croise celui d'un ingénieur et c'est le début d'une histoire sentimentale, d'une grande pauvreté, sans flamme et sans autre signification que de mettre dans la balance l'amour de Marie pour cet homme -le terne Massimo Girotti- et l'amour de son métier. Il faut dire, que tout ingénieur qu'il est, André a les idées arriérées de son époque concernant la place des femmes... Mais si le débat et le dilemme sont si dérisoires, c'est parce que Grémillon n'a pas les mots pour en faire une réflexion intelligente et approfondie. Marie et André, face à la situation, semblent démunis comme deux ados et c'est très agaçant.
De la même façon, le cinéaste fait le choix du mélo avec interprétation assortie, comme on le voit avec le rôle de Gaby Morlay ou avec les derniers plans sur le visage exagérément expressif de Micheline Presle...Il patauge, comme ses personnages sous la pluie bretonne, dans quelques métaphores et pas mal de conventions dramatiques. La scène de l'enterrement semble n'exister que pour étaler quelques folkloriques costumes bretons; à moins qu'elle serve, production franco-italienne oblige, à donner un rôle (de curé) à Paolo Stoppa.
En résumé, Grémillon propose un personnage féminin relativement avancé dans un récit de cinéma vieillot et souvent pesant.