Dans ce film argentin, le crime a les traits du David de Michelangelo. Baigné dans un océan de couleurs kitschs et de tons pastels, ce criminel aux airs de bambin va mener son bateau où bon lui semble, nous livrant au monde comme si il lui appartenait. Avec son ténébreux partenaire de crime Ramon, ils vont semer un vent de terreur sur Buenos Aires. Ces Bonnie & Clyde à peine sortis de l’enfance brillent par leur complicité tant que par leurs différences; on verra d’ailleurs ce duo s’illuminer dans une scène de cambriolage assez loufoque. La beauté de ce film est irrésistible, que ce soit par les traits de ses acteurs, le travail de génie qu’exécute le chef opérateur Julian Apezteguia ou encore la virtuosité d’une bande originale électrisante. L’insouciance dirige le film dans un trip 70’s et offre à des scènes pourtant violentes une ambiance veloutée. Une douceur qui s’est opérée dans l’évolution tantôt amoureuse tantôt amicale des protagonistes. Le réalisateur apprécie le jeu d’une ambiguité malheureusement de rigueur dans cette période de discrétion pour les homosexuels. Et pourtant, tout au long du film, l’acteur Lorenzo Ferro maniera avec finesse le détachement constant, tant vis à vis de ses crimes que de ce qui le rapproche le plus d’une forme d’émotion. Un jeu maîtrisé à la perfection qu’on peine à distinguer son personnage du véritable Carlos Eduardo Robledo Puch, le tueur en série surnommé « l’ange de la mort ». El Angel vous rappellera donc les beaux souvenirs d’un certain Alex et d’une Orange Mécanique…

annabambiboo
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le 5 juin 2018

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