Recommandé par un ami qui l'a vu en projection presse, j'étais impatiente de découvrir ce film à mon tour.
C'est donc par un matin automnal, accompagnée d'une ancienne camarade de classe, que j'ai plongé pendant 1h44 dans cette histoire française fantastique.
Nous sommes toutes les deux ressorties de la salle plutôt déboussolées par l'ambiance générale du film et avions quelques difficultés à mettre des mots sur nos impressions. Encore aujourd'hui d'ailleurs, j'avoue avoir du mal à m'exprimer vis-à-vis de cette oeuvre, néanmoins je vais tenter d'être la plus éloquente possible haha.
L'angle mort est tout d'abord un film qui sort des sentiers battus, un film qui ose et pour cela déjà, il mérite d'être vu et mérite surtout qu'on lui prête attention.
Troisième long-métrage pour le duo, il s'agit ici de s'éloigner du mythe du héros et de développer divers thèmes comme la question de la responsabilité (ici : le fait de pouvoir se rendre invisible) et évidemment le regard des autres, de soi.
La singularité de L'angle mort c'est justement le traitement du regard. Ainsi, le personnage principal fui les relations aussi bien professionnelles, amoureuses ou familiales et pourtant cherche inlassablement à être vu, remarqué.
Cet anti-héros, interprété avec justesse et douceur par Jean-Christopghe Folly, est aussi agaçant qu'attachant par sa manière d'agir, ses actions qu'on a parfois du mal à comprendre. Il nous interroge sur ce que c'est de vivre incognito, ce que c'est d'être "différent", incompris.
Jouant à merveille avec le clair obscur et sachant retranscrire l'humidité et la froideur de la capitale, la photographie de Jonathan Ricquebourg, avec ce format 4/3 - que j'apprécie chaque fois un peu plus -, est superbe.
Il y a aussi tout un pan du film qui s'intéresse à la nudité (pour être totalement invisible, le personnage doit ne rien porter sur lui) : ce que c'est d'être nu, dans quel état cela nous met, la vulnérabilité que cela procure.
Délicat, poétique, atypique, fascinant, intriguant, L'angle mort ne laisse pas indifférent.
PS : Chapeau à Isabelle Carré et Golshifteh Farahani, toutes les deux parfaites en seconds rôles féminins.