Quand devient-on adulte ? Lorsqu’on a un boulot, des gosses et un prêt à rembourser ? Et quand se finit l’adolescence ?
C’est bien ça que traite « L’Appât » : de jeunes adultes – ou de vieux adolescents – qui ont des rêves, des modèles, de l’ambition, mais pas d’argent, ni de limite.
La jeunesse, c’est l’âge où le pouvoir de la séduction est à son paroxysme, et où notre corps est un objet de désir, de possession, voire de violence. Pourvu qu’on connaisse nos limites.
Etre un jeune adulte, c’est être confronté aux regards des vieux, à leur manque de considération ou à leur désir de rajeunir. Un désir sans limite.
La fin de l’adolescence, c’est l’âge où on se croit adulte, mais où on a encore besoin de nos parents. Jusqu’à ce qu’ils fixent une limite.
L’entrée dans la vie adulte, c’est la découverte de la vulnérabilité, de la difficulté d’être indépendant, mais c’est aussi nier ces contraintes, puisque tout semble atteignable. Sans limite.
C’est bien les deux problématiques posées par ce film, et cette histoire vraie : l’entrée dans la vie adulte, et la question des limites – sociales, financières et morales. Jeune, beau, insouciant et gourmand, le trio infernal bascule, en toute innocence et en toute légèreté, dans une sordidité absolue.
Un film glaçant, violent et insouciant à la fois, sublimé par la performance de Marie Gillain.