Les bacs de DVD à 1 euros l’unité ne manque jamais de films issue du cinéma underground New-Yorkais, on retrouve bien souvent plusieurs exemplaires de C.H.U.D. que les cinéphiles se refilent souvent pour l’euro symbolique, probablement parce que la comédie et les clochards mutants y sont aux abonnés absents. Dans cette lignée, il y en a d’autres bien moins connu comme Slime City autrefois distribué par Uncut Movies, un bien maigre intérêt, assez pingre en effet gore et très fauché. On est même très loin de la maîtrise technique, et de l’humour hara-kiri du mythique Street Trash de Jim Muro auquel il est souvent comparé à tort. Néanmoins il y en a un demeuré longtemps inédit dans nos contrées depuis son exploitation en VHS. L’attaque du Frigo tueur promeut un argument de choc, celui de voir l’électro-ménager d’un appartement se mettre à bouffer des gens, ce qui ne pouvait qu’exhorter les nanarophiles et les bisseux en mal de divertissement régressif à se le procurer. Ce genre d’achat fait figure d’investissement, au mieux le film est bon et fini en bonne place dans la collection, au pire il se revendra au prix fort grâce à sa rareté sur le marché de l’occasion. C’est donc du gagnant-gagnant, d’autant qu’il peut aussi contenter les amateurs de naveton. Pourtant le sujet s’avère bien plus sérieux que son titre accrocheur ne pouvait initialement le laisser penser, entre l’humour noir et décalé d’un Frank Henenlotter et le drame plus intimiste d’une déshumanisation progressive et d’un mariage à la limite de la date péremptoire.


Deux jeunes mariés quittent leur province pour courir après le rêve américain. Elle est institutrice et s’imagine déjà à l’affiche de Broadway, tandis que monsieur aspire à mener une grande carrière dans le monde impitoyable des affaires, parce qu’il faut bien remplir le frigo surtout quand celui-ci dispose d’un appétit énergivore et carnassier. Les joies de la découverte d’un nouvel environnement s’avère toujours teinté d’optimisme et de naïveté, on ne voit jamais que les bons côtés comme le fait de récupérer l’électro-ménager des anciens occupants. Mais les choses que l’on possède finissent par nous posséder et à nous réveiller la nuit pour répondre ponctuellement à l'appel des fringales nocturnes. Et puis il y a inévitablement ce qu’on appelle le retour à la réalité quant il faut finalement supporter un réfrigérateur ronflant et malodorant, de devoir arriver en retard au boulot parce que des autochtones locaux ont vandalisés la voiture, et les regrets d’avoir finalement abandonner un coin de paradis au plein coeur de l’Ohio, au milieux des grands espaces naturels et boisés alors que le point de vue se limite ici aux bas-quartiers, aux poubelles et aux clodos. Y a pas à dire, c’est pas la vie de château, entre l’insalubrité de leur nouveau logement, le trafic dense et incessant d’une ville qui ne dort jamais, le climat d’insécurité ambiant, la joie d’emprunter les transports en commun tous les matins, et les voisins bruyant et envahissant. Si on ajoute à cela le cycle interminable et aliénant du boulot-métro-dodo et que les ambitions artistiques de madame sont contrariés par les velléités familiales de monsieur qui crise quotidiennement il n’en faudra pas d’avantage pour assister à une rapide déliquescence du couple dont le dysfonctionnement du frigo ne sera finalement que l’excroissance matérialisé d’un mal être bien plus profond qui va d’abord se manifester dans leur rêve avant d’investir la réalité, de ses suintements organiques à l’ouverture des portes menant à l’enfer d’une vie conjugale lassante et conflictuelle. Chacun va donc manger son pain noir quotidien jusqu’à l’éclatement inévitable du couple déclenchant alors l’apocalypse entre les murs de l’appartement ce qui profitera à l’héroïque plombier latino danseur de flamenco qui de gimmick comique deviendra l’ami et amant vers lequel se tourner. Toutes des salopes, je vous dis.

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le 19 janv. 2024

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