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Mis à part des têtes vibrantes, je n’avais que peu de souvenirs de mon premier visionnage étudiant de Jacob’s Ladder. Alors au détour d’une émission sur la saga Silent Hill, dont il a largement inspiré une partie de l’esthétique, je me suis dit qu’il serait bon de replonger dans cette vision des syndromes post-traumatiques laissés par le Vietnam.


Ou du moins, c’est que je pensais que je verrais, et ce que laisse espérer le début du film d’Adrian Lyne.


Mais à force de contorsions dans un scénario qui n’en méritait pas tant pour sa banale finalité, on réalise qu’à vouloir trop bouffer à tous les râteliers, on ne fait que conter un récit vieux comme la Bible.


Pourtant ces visuels de ferraille et de ruine qui viennent transformer les éléments du quotidien, ces espaces liminaux qui ont le vent en poupe dans les nouveaux formats horrifiques, en ont clairement dans le ventre. Ces serpents tripes, ces convulsions devenues secousses trop frénétiques pour l’œil humain, ces stroboscopes qui figurent le feu nourri du conflit, ces blessures de guerre se muant en inquiétantes difformités, ces chauves-souris vietnamiennes métamorphosées en funestes corbeaux… Tant d’éléments qui fonctionnent et se suffiraient dans une simple description d’une réinsertion impossible après la terreur de la jungle.


On nous pose d’emblée la piste de l’occultisme, avec une maîtresse présentée comme issue d’un pacte faustien, réfutant les noms bibliques tout en arborant des stigmates sous le sein qui s’effacent d’un plan à l’autre. La succube qui brûle les souvenirs de sa victime dans les flammes de l’incinérateur pour la faire entièrement sienne. On aurait pu mettre ça sur le compte de la paranoïa de notre protagoniste, un symptôme supplémentaire de son PTSD.


Mais voilà qu’à mi-chemin on nous détourne sur le conspirationnisme étatique, réfutant la première heure sous couverts d’expérimentations secrètes. On enfonce au burin cette paranoïa si ténue. Et ce n’est pas la parenthèse fiévreuse d’une vie au beau fixe qui brouillera davantage les cartes tant ses ficelles sont grossières.


Tout ça pour finir sur la plus banale des banalités, dénuée de toute surprise, Jacob étant in fine dans le purgatoire, refusant de passer de vie à trépas car trop rattaché à ce qu’il fût.


Malgré des idées monstrueuses formellement réussies, on peine à s’accrocher aux personnages, à un récit qui se voudrait onirique mais oublie de laisser planer le mystère, l’indicible, et à une photographie bien datée, tout en filtres bleutés. N’est pas Lynch qui veut, et on ne peut juger l'œuvre à l’aune de celles qu’elle a inspirées et qui lui sont supérieures en tous points.


A n’en point douter, je n’aurais dans une quinzaine d’années que des têtes vibrantes à l’esprit en me souvenant du film.


Frakkazak

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