L'obscurité ou la France...

Grosse production française en cette fin d'année 2018, L'Empereur de Paris met en scène, sous l’œil de la caméra de Jean-François Richet, le célèbre Eugène-François Vidocq.

Campé par le magnétique Vincent Cassel, ce personnage aux multiples facettes est ici représenté comme bagnard, marchand de tissus puis policier. Évoluant parmi la plèbe, il connaît tout autant ses us que ses trognes abîmées. La galerie de portraits est à cet égard réussie, les faciès patibulaires n'ayant pas à rougir devant des visages plus altiers, comme ceux de Fouchet (interprété avec la faconde coutumière de Fabrice Luchini et d'une baronne incarnée par la féline Olga Kurylenko). François Vidocq est dans ce film dépeint telle un bête féroce qui ne craint pas ses pairs et se débrouille seul. Si quelques séides l'épaulent, ce n'est que pour le servir. De l'enquêteur historique et inventeur ne subsiste que le physionomiste.
Vincent Cassel est à son aise dans ce rôle de solitaire qui bouscule tout sur son passage, secondant la faucheuse avec célérité. Il évolue dans des décors plus vrais que nature, le Paris de ce début du XIXème s'avérant une belle réussite, complétée par des costumes somptueux, des accessoires convaincants. Depuis la fange des rues boueuses et populeuses de la capitale jusqu'aux salons et ors de la République devenue Empire, il n'est qu'un pion sur l'échiquier politique dans une période troublée où les régimes politiques ne durent guère.

Si le film connaît une belle entame, la seconde partie souffre d'un certain manque de cohésion dans le rythme. Le spectateur assistera à un spectacle soigné mais dont le propos ou la mise en scène apparaissent classiques, pour ne pas dire déjà vus. Néanmoins, celui qui aime l'Histoire, les décors, les costumes et les films de cape et d'épée, il y a là matière à ne pas s'ennuyer en cheminant sur des sentes pourtant déjà bien connues. Un 6,5 me paraît approprié.